Corée du Sud : Médicaments en Corée : confiance et prix bas
Le gouvernement coréen applique une politique stricte pour les autorisations de mise sur le marché et les prix de vente, qui donne confiance à la population.
Le premier anticorps monoclonal biosimilaire approuvé par l’Agence européenne des médicaments est coréen. Celltrion, son fabriquant coréen, est emblématique du dynamisme du secteur pharmaceutique dans le pays. Selon une étude du cabinet Idvia publiée en 2017, la Corée fournit les deux tiers des 4 biosimilaires les plus vendus dans le monde – qui représentent à eux seuls un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros. Son expertise de pointe est reconnue au niveau mondial dans les domaines des thérapies géniques et cellulaires, mais aussi dans le traitement de données appliqués à la formulation.
Pour atteindre ce niveau d’excellence, la Corée du Sud a mis en place un écosystème pharmaceutique dynamique, favorisant l’innovation et la concurrence entre les laboratoires de toutes tailles : les laboratoires locaux concluent des accords de licence avec les grands groupes étrangers – dont les entreprises françaises Sanofi, Servier et Ipsen – , mais aussi avec des PME étrangères innovantes. Par exemple, Sanofi travaille avec des instituts de recherche coréens, notamment pour trouver des substances actives. La biotech française PDC*line Pharma a ainsi signé en mars dernier un accord avec LG Chem pour développer un vaccin contre le cancer du poumon. Pour soutenir l’essor de son secteur pharmaceutique, le gouvernement coréen a lancé un plan quinquénal d’investissement, qui s’est traduit par un effort de 340 millions d’euros en 2018 et 370 millions d’euros en 2019 pour développer les infrastructures de santé et améliorer la prise en charge des soins.
Une politique de contrôle des prix des médicaments
Malgré les accords de libre échange qu’elle a conclus, la Corée reste difficile d’accès pour les entreprises pharmaceutiques étrangères. Pour obtenir une autorisation de mise sur le marché d’un médicament, le laboratoire candidat doit en effet soumettre un dossier permettant l’évaluation de la qualité, de la sécurité et de l’efficacité du produit par le ministère de l’Alimentation et de la Sécurité des médicaments (Ministry of Food and Drug Safety). Cette procédure peut durer jusqu’à un an et demi, y compris pour les produits déjà autorisés à l’étranger, qui ne bénéficient pas d’une équivalence automatique. Pour les médicaments délivrés sur ordonnance, le ministère de la Santé et de l’Aide sociale (Ministry of Health and Welfare) évalue l’utilité clinique, la rentabilité et l’impact financier du médicament pour déterminer son prix, s’il est pris en charge par l’assurance-maladie. Le gouvernement mène en effet une politique de contrôle des prix des médicaments dans le cadre du financement de l’assurance-maladie. Le prix moyen des nouveaux médicaments approuvés par l’assurance-maladie depuis une dizaine d’années en Corée est très faible comparé à celui des médicaments dans les pays de l’OCDE. Les critères d’amélioration de l’efficacité clinique et l’innovation par rapport aux produits existants ne sont pas pris en compte dans le barème gouvernemental. Cette politique a ses limites : certains laboratoires ne peuvent pas distribuer certains de leurs médicaments sur le marché coréen, du fait de la faiblesse des prix, ou des délais d’autorisation de mise sur le marché. Mais le pays a ainsi réussi à créer les conditions de la confiance avec les patients : les Coréens affichent en effet l’un des plus fort taux de confiance dans l’industrie pharmaceutique au monde.