Reprise des investissements en 2019 : une embellie de courte durée ?
2019 est un cru particulier, l’investissement augmente, car cette année est la dernière du mandat municipal et l’occasion de sortir les nouveaux projets des cartons. Mais ensuite ?
Selon la dernière note de conjoncture de la Banque postale publiée en septembre, les ratios favorables à l’investissement sont au beau fixe : augmentation de l’épargne (l’épargne nette, d’un montant de 22,8 Mds €, permettrait de couvrir 39% des dépenses d’investissement), croissance des ressources d’investissement avec notamment une hausse du FCTVA (fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée) de 7%, augmentation de l’appel à l’emprunt (+ 9,5%)… Des données qui laissent croire que l’avenir sera radieux. Selon les données 2014-2018, les collectivités finançaient jusqu’ici leurs investissements avec leur épargne nette à hauteur de 27%, l’emprunt (30%) et les autres recettes d’investissements (43%). Reste à savoir si la part croissante de l’épargne dans les plans de financement est, pour l’avenir, un gage de bonheur ou une annonce d’essoufflement.
En 2019, les dépenses d’investissement de toutes les collectivités progresseraient de 9,2%, soit une augmentation du quasi double de celle de 2018 (à + 4,7%). Reste que cette embellie est fortement liée au calendrier électoral municipal, le bloc communal étant le premier des investisseurs. « Les dépenses d’équipement des budgets principaux des communes représentent plus de la moitié (56%) des dépenses d’équipement des collectivités locales et le quart de l’investissement public », rappelait la DGCL dans un bulletin d’informations statistiques de fin 2018.
Selon l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) qui consacre, cette année, un dossier sur l’investissement communal, les dépenses d’investissement consolidées du bloc communal, budgets principaux et annexes consolidés, s’élèvent en 2018, à 37,2 Md€, portant à 172 Md€ le volume réalisé sur la période 2014-2018.
2020 est la dernière année des contrats financiers avec l’État. Et ensuite ?
Depuis les élections municipales de 2014, le montant moyen des investissements réalisés est de 34,3 Md€ par an. En 2019, les premières exploitations des budgets primitifs indiquent que les communes et groupements à fiscalité propre affichent des croissances de leurs investissements autour de 9%. Mais pour l’OFGL comme pour la Banque postale, cette croissance ne permettrait pas de rattraper le mandat précédent. « Sur le mandat ouvert en 2014, le cumul des dépenses d’équipement des communes se situerait en retrait de 12,4% par rapport au mandat précédent (et 10,8% en deçà à l’échelle du bloc communal dans son ensemble) », précise la banque. Faut-il, pour autant, alors que cette année est exceptionnelle, parier sur un effet d’entraînement, une reprise importante des investissements en 2020 et 2021 ?
L’année écoulée sera une bonne année mais « pour autant, reconnaît Laurent Gautier-Falret, responsable du marché collectivités locales de La Banque postale, 2019 est une année préélectorale, et une baisse significative des investissements est annoncée pour 2020 et 2021 ». Pour la banque, l’année 2020 devrait ouvrir une nouvelle phase d’incertitudes fortes en matière d’investissements avec la suppression annoncée de la taxe d’habitation qui entraînera inévitablement la refonte des systèmes de redistribution financière (DGF et autres outils de péréquation). « La nouvelle génération de contrats résultant de la loi de programmation des finances publiques pourrait intégrer des contraintes nouvelles permettant de respecter la trajectoire fixée aux collectivités locales par l’État en matière de déficit public ». Un constat plutôt annonciateur de morosité.