Les gestionnaires des collectivités : de véritables équilibristes
Les chapitres des dépenses sont examinés à la loupe par les collectivités car toute économie est bienvenue. La difficulté étant de ne pas provoquer des déséquilibres qui pourraient compromettre la qualité des services.
Selon une enquête réalisée dans la revue « Gestion et management public » en 2017, 92,7% des collectivités répondantes ont engagé une diminution des dépenses de fournitures et de consommables, 94,5% des répondants favorisent l’utilisation de la procédure des marchés publics pour réaliser des économies, 91,8% des répondants ont diminué les dépenses de fluides et d’énergie. « Les premiers leviers utilisés sont en effet les fluides et les fournitures. Cela permet aux gestionnaires locaux d’avoir un retour rapide sans interroger le niveau de service public ». Pour Damien Delaine, directeur adjoint de la direction des finances mutualisée de Valence Romans Agglo et de Valence, la majorité des collectivités en est à ce stade d’intervention.
Une grande diversité de situations
Les collectivités qui mettent à disposition des locaux aux associations, leur demandent désormais de régler les factures de fluides, voire de payer un loyer. Dans leurs relations avec leurs partenaires privés, elles mettent à plat leurs délégations de service public pour optimiser les redevances. Sur le chapitre achat, l’optimisation et la négociation sont très variables en fonction de la taille des collectivités. « Marseille, par exemple, a une équipe d’acheteurs comparables à celles que l’on trouve dans les entreprises privées. A l’autre extrémité, on peut trouver des collectivités qui ne maîtrisent pas encore leurs inventaires », rajoute Damien Delaine. Plus la collectivité est petite, plus les méthodes sont empiriques. Il n’en demeure pas moins que les initiatives de regroupement sont largement diffusées, permettant des achats en masse et donc moins onéreux.
Jusqu’où aller ?
La dématérialisation, autre grand chantier fortement mis en avant pour réduire les coûts, est aujourd’hui dans une période de grand foisonnement. « Pour la plupart des collectivités, la dématérialisation s’est faite par petits bouts en fonction des obligations réglementaires. Cela a eu pour effet de multiplier les logiciels dépendant les uns des autres, mais parfois non compatibles ou actualisés à des moments différents ».
Réduire l’effectif puis avoir recours aux heures sup fait boomerang.
Si les gestionnaires se limitent à appliquer des stratégies de réduction des dépenses, les effets négatifs ne se font pas attendre. Pour l’intervenant de l’Afigese, on ne peut pas échapper à un travail de fond. « Si l’on travaille sur les espaces verts, la réflexion doit porter sur les attentes des habitants, les types et la classification des espaces verts en fonction du temps de travail, la mise en place d’un outil définissant les coûts de fonctionnement des espaces verts à définir dans les nouvelles zones d’aménagement, les recommandations faites aux architectes… »
Risque de crispation
Les stratégies de réduction des dépenses peuvent devenir problématiques avec « un risque d’apoplexie et de crispation dans le cas où aucune réflexion n’a été engagée », explique le directeur adjoint de la direction des finances mutualisée de Valence Romans Agglo et de Valence. « Il faut favoriser une approche globale en redéfinissant le périmètre des services publics. Cela implique de faire remonter les attentes des services, de s’interroger sur la fongibilité des postes, de définir les services qui peuvent être réduits et ceux qui doivent être amplifiés ». Une ambition qui impose une mise à plat, une vision globale et du temps. Reste à savoir si les collectivités qui ont fait le plus d’efforts, gardent encore des marges de manœuvre pour poursuivre leur politique de rigueur.