Questions à… Benjamin Déchelle, directeur du Campus des métiers et de l’artisanat d’Indre et Loire
Comment vous préparez-vous à la réforme de l’apprentissage ?
Avec 1 700 apprentis, vingt-cinq métiers, 140 salariés (enseignants et administratifs), nous sommes le plus gros CFA de la région Centre. Et pourtant, nous sommes inquiets. Pour être à l’équilibre, nous devons contractualiser une douzaine d’apprentis par métier. Demain, n’importe qui pourra ouvrir un CFA. Si une grande surface à proximité ouvre le sien, nos effectifs vont mécaniquement diminuer et notre modèle économique en sera fragilisé.
Vous craignez réellement la concurrence ?
“Les” concurrences. Celle des entreprises, notamment de la grande distribution. Celle de CFA aux activités proches des nôtres. Hier, la région veillait à séparer les spécialités (dans les métiers de bouche par exemple, la boulangerie à l’un, la boucherie à l’autre…). Demain, il y aura des doublons. Ceux des organismes qui jusqu’alors ne proposaient que de la formation continue et pour lesquels l’apprentissage est une promesse de business additionnel.
En tant que CFA interprofessionnel, vous allez devoir travailler avec plusieurs Opco…
Avec la totalité des 11 Opco, qui ont chacun leurs propres règles et procédures. Le seul travail de comptabilisation et de déclaration de tous les contrats, Opco par Opco, m’oblige à dédier trois plein temps supplémentaires. Nous nous préparons pour 2020 à un déficit de l’ordre de 500 000 euros, ce qui, sur un budget de 9 millions d’euros, est énorme. Si je veux diminuer mes charges, il va falloir que je joue sur la masse salariale et que je regroupe des classes pour arriver à des effectifs de plus de 30 apprentis. In fine, c’est donc la qualité des enseignements qui risque de faire office de marge d’ajustement.