États-Unis : Pragmatisme et loi du marché
Pas d’obligation légale, mais une incitation par les aides fiscales : la formation professionnelle outre-Atlantique est d’abord au service de l’emploi et des employeurs.
Libéral, pragmatique, structuré. Aux États-Unis, le système de formation professionnelle continue s’est construit de manière empirique, dans un souci d’autosuffisance et d’efficacité. Les entreprises outre-Atlantique ne sont liées par aucune obligation réglementaire de former leurs salariés, ni soumises à des prélèvements ou quotas de dépense. L’aide à la formation passe uniquement par des avantages fiscaux. L’approche est donc plus incitative que coercitive.
Flexibilité du marché de l’emploi oblige, la mobilité est culturellement inscrite dans les pratiques professionnelles. La formation est perçue à la fois comme un avantage compétitif pour les employeurs et comme un élément à part entière du capital-salarié. Il s’agit de favoriser les évolutions de carrière, les bifurcations de parcours, les changements d’orientation, les reconversions, en finançant ou cofinançant la formation de leurs collaborateurs, sous la forme de reprise d’études en “part time” ou même en “full time”. Bref, les salariés américains retournent volontiers à l’école, et souvent pour viser un diplôme qui leur ouvrira de nouveaux horizons professionnels.
La formation est perçue comme un avantage compétitif.
Cette culture de la formation professionnelle a peu à peu sédimenté une véritable industrie. A côté des formations continues massivement développées dans les universités et les organismes de formation privés, les “community colleges” ouvrent leurs programmes initiaux – d’une durée de deux ans – à de nombreux professionnels en cours de carrière. En outre, dans un pays aussi vaste et décentralisé, l’adoption rapide et massive des outils et contenus distanciels a cimenté les pratiques de formation.
Les universités sont par ailleurs fortement pourvoyeuses de formation en alternance, au travers des programmes de Cooperative Education (Co-Op) ou d’experiential learning. Certaines universités (Northeastern University, University of Cincinnati, Drexel University) ont même fait de l’alternance une marque de fabrique.
La durée totale de l’activité en entreprise est généralement de 18 mois pour une formation en cinq ans, l’activité en entreprise débutant généralement à partir de la seconde année. La formation universitaire en alternance garantit la rémunération des étudiants, leur permettant de financer une part de leurs études.
Parallèlement, des programmes d’insertion visent à compenser la faible redistribution des richesses dans une société souvent jugée inégalitaire. Remettre à niveau les jeunes non qualifiés pour les insérer rapidement dans le système professionnel, c’est l’objectif du programme fédéral national Job Cops, qui s’adresse aux jeunes en rupture de ban scolaire, du programme Year Up, qui cible les publics un peu plus qualifiés, ou encore de programmes sectoriels comme Youth Build, qui prépare aux métiers du BTP. Là encore, le pragmatisme prévaut : étroitesse du lien avec les employeurs et leurs besoins réels d’emploi, pédagogies actives, fort taux d’encadrement (jusqu’à un pour quatre), suivi de l’efficience des programmes pour évaluer ce qui fonctionne et s’avère reproductible.