L’apprentissage, accélérateur d’emploi
Avec un effectif passé de 220 000 en 1992 à 437 000 fin 2018, le nombre d’apprentis en France a quasiment doublé en trente ans. Une tendance lourde, que le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) explique en partie par le ralliement massif de jeunes de l’enseignement supérieur, totalement absents des dispositifs d’apprentissage au début des années 90 et qui représentent aujourd’hui 30% de leurs bénéficiaires. Un autre élément d’explication renvoie à une diversification dans les logiques d’usage de ce modèle de formation : certains jeunes cherchent à professionnaliser leur parcours de formation, d’autres saisissent l’opportunité d’un financement dans la poursuite de leurs études, d’autres encore s’engagent dans un processus de pré-recrutement.
Cinq mois de moins pour trouver un emploi
Car suivre une formation par apprentissage permet d’accéder plus rapidement à l’emploi. Un bénéfice qui tient à l’expérience professionnelle acquise en cours de formation et à l’“effet contact” avec l’entreprise, à la fois formatrice et employeuse. Ainsi, les apprentis sortants au diplôme niveau V mettent en moyenne huit mois pour trouver un emploi durable contre treize mois pour les sortants scolaires.
Les jeunes du supérieur représentent 30% des apprentis.
Des données qui doivent être pondérées par le niveau de qualification. Primo, l’apprentissage a plus d’effets comme accélérateur d’accès à un premier emploi durable pour les sortants avec un CAP ou un bac professionnel (quatre mois gagnés) que pour les sortants avec une licence ou plus (un mois gagné). Deuzio, avec une bonne progression au cours des cinq premières années, l’effet positif sur la rémunération est plus sensible pour les apprentis diplômés du supérieur, que pour les sortants du niveau V qui ont des salaires proches du Smic et peu évolutifs. Tertio, l’effet stabilité de l’emploi joue plus pour les apprentis sortants avec un bac ou plus, qui se retrouvent davantage en CDI.
L’effet “conjoncture”
Par ailleurs, les bénéfices de l’apprentissage demeurent perméables à la conjoncture économique. Dans une conjoncture favorable, les indicateurs sont au vert. Quand la situation se dégrade, en revanche, les jeunes rencontrent plus de difficultés pour trouver une entreprise d’apprentissage et ils ont moins de chance d’être embauchés par celle-ci. Le taux de maintien pour les CAP-BEP dans l’entreprise de formation est ainsi passé de 37 à 12% entre 2004 et 2010.
Apprentis bouchers : 96% de placement
Fondée en 1927, l’École professionnelle de la boucherie abrite le seul CFA des métiers de la viande en France. Avec un taux de placement de 96%, cette institution d’excellence reflète bien les vertus de l’apprentissage pour l’accès à emploi. « Côté employeurs, j’ai 50 offres qui restent en souffrance cette année, notamment à Paris », commente Thomas Weisz, le directeur de l’école, qui s’inquiète de la difficulté croissante à attirer les jeunes vers des métiers pourtant très prometteurs en termes de carrière et de rémunération. En cause : la montée du phénomène véganiste et flexitarien. « En 2015-2016, nous avons accueilli 396 apprentis. Cette année, l’effectif est tombé à 330. »