Les effets nocifs de la lumière bleue des écrans confirmés par l’ANSES
La rétine et le sommeil sont les deux principales victimes de la lumière bleue diffusée par nos écrans. Même à petite dose, celle-ci a des conséquences physiologiques prouvées, notamment sur les enfants. C’est ce que montre l’ANSES dans son dernier rapport.
Les écrans, tout comme les éclairages LED ou certaines lampes torches, diffusent une lumière particulièrement intense, dite « riche en bleu ». Une lumière bleue dont l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a confirmé la toxicité dans son rapport publié en mai 2019.
La lumière bleue est interprétée par le cerveau comme la lumière du jour.
Premier danger : la rétine est attaquée par cette lumière, menant potentiellement à une baisse de la vue, et une augmentation du risque de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Ce danger est le même, que l’exposition aux écrans soit aiguë sur une durée réduite, ou bien étalée sur une longue durée. Les premiers exposés sont les enfants, dont le cristallin – la lentille transparente qui protège la rétine – se développe jusqu’à 20 ans.
La deuxième victime de la lumière bleue est le sommeil. En effet, cette lumière, quand on s’y expose le soir ou la nuit même à une très faible dose, perturbe les rythmes biologiques et donc le sommeil, notamment celui des enfants. Comment l’expliquer ? « L’horloge interne de l’organisme, qui régit un grand nombre de fonctions biologiques essentielles et notamment notre rythme de sommeil, a besoin pour se synchroniser, d’une luminosité importante pendant la journée et d’une obscurité totale la nuit », explique l’ANSES. En clair, le soir, la lumière bleue, même à petite dose, est interprétée par le cerveau comme étant la lumière du jour. Il se maintient donc éveillé et retarde, voire inhibe, la synthèse nocturne de la mélatonine, l’hormone du sommeil. Pour les 23% des Français qui consultent leur téléphone moins de cinq minutes avant de tomber dans les bras de Morphée, le moment de l’endormissement est donc retardé.
Selon l’ANSES, les moyens de protection– verres traités, lunettes ou écrans spécifiques – n’ont qu’une efficacité « très variable » pour protéger la rétine, et « non prouvée » pour préserver les rythmes du sommeil. C’est pourquoi il serait nécessaire d’informer le consommateur de leur faible efficacité, prévient l’agence.
Une épidémie de myopie
Entre 1972 et 2004, le nombre de myopes en Amérique du Nord a doublé pour atteindre 40% de la population. Le professeur Langis Michaud, expert en santé oculaire à l’université de Montréal, parle d’une épidémie dans un article publié sur le site The Conversation. En cause, la génétique, mais aussi l’environnement, et notamment l’exposition aux écrans. En effet, les problèmes visuels ont rapidement augmenté depuis l’arrivée du smartphone, remarque-t-il. Car celui-ci nous oblige à lire à 20 cm du support, au lieu des 45 à 50 cm normaux, créant « un risque 8 fois supérieur de développer une myopie », sans compter le fait qu’étant davantage sur des écrans et donc moins à l’extérieur, les jeunes bénéficient moins de l’effet protecteur de la lumière du jour contre la myopie.