A Lille, Toulouse, Paris, des professeurs d’université interdisent les écrans
Si le Parlement a adopté une loi interdisant le téléphone portable dans les écoles et les collèges, ce n’est pas le cas dans l’enseignement supérieur où chaque professeur décide des outils autorisés pour son cours. Et le débat monte parmi eux. En septembre 2018, Olivier Estèves, professeur de langue et de civilisation britannique à l’université de Lille, annonçait à ses étudiants l’interdiction de tout appareil connecté pendant ses cours.
Les écrans, une « arme de distraction massive ».
Dans une tribune parue dans Libération intitulée « Ordinateur à l’université : combien y-a-t-il d’étudiants dont on ne voit jamais les yeux ? », il fustigeait ces « armes de distraction massive » accusées de démultiplier la tentation de la déconcentration en permettant d’accéder aux réseaux sociaux, sites de séries ou d’achats en ligne… pendant les cours. A la faculté libre de droit de Toulouse, toute l’équipe pédagogique s’est également accordé sur l’interdiction des ordinateurs en cours de première année : « Nos étudiants de première année ont parfois du mal à gérer le cours du professeur et une prise de notes sur ordinateur, qui peut engendrer la très grande tentation de se promener sur la toile… Il ne s’agit pas d’autoritarisme, mais d’une volonté pédagogique de permettre aux étudiants d’être plus attentifs », explique la doyenne Marie-Christine Monnoyer. Du côté des classes préparatoires aussi le débat monte. « Les trois quarts de nos étudiants qui intègrent le Top 3 des écoles de commerce n’utilisent pas d’ordinateurs en cours », affirme Alain Joyeux, président de l’Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales, et enseignant en prépa au lycée Joffre de Montpellier. Aux Etats-Unis aussi le débat monte. Ainsi l’université de Stanford, celle-là même qui a fait naître le numérique, les plateformes et la société connectée, interdit désormais les téléphones portables en cours et de plus de plus les ordinateurs ! Une décision s’appuyant notamment sur le travail de recherche de professeurs américains, Mueller (Princeton) et Oppenheimer (Université de Californie à Los Angeles – UCLA), qui démontrait en 2014 que les étudiants prenant leurs notes au stylo avaient de meilleurs résultats que ceux qui retranscrivaient leurs cours sur ordinateurs, certes de façon plus complète mais « sans discernement et de manière stupide ».
La « digital detox » a le vent en poupe
Le sevrage numérique fait maintenant partie du menu de plusieurs hôtels, comme la maison d’hôtes Château La Gravière près de Bordeaux qui propose un accompagnement par un coach, le Relax Océane en Bretagne avec ses cours de yoga et de méditation, ou encore le Westin Paris-Vendôme avec son kit « digital detox ». Autre domaine en croissance : les livres de témoignages, comme J’ai débranché de Thierry Crouzet, ou encore les manuels d’aide à la déconnexion tels que J’arrête d’être hyperconnecté. Dernier exemple, les start-up se lancent également dans ce créneau comme la française Certideal qui propose de garder notre téléphone pendant les vacances en l’échangeant contre un ancien modèle de téléphone, sans accès à Internet !