Lire sur papier permet de mieux comprendre et mémoriser
« On manque encore d’études sur le sujet pour se prononcer » : voilà l’argument souvent invoqué pour ne pas trancher sur la question des écrans. Pourtant, dans plusieurs domaines, nous disposons déjà de résultats. Ainsi en 2018, deux synthèses des découvertes récentes (cumulant une cinquantaine d’études réalisées ces 20 dernières années) ont été publiées, démontrant que la compréhension et la mémorisation d’un texte lu sur papier sont meilleures que sur écran. Rédigés en anglais, ces travaux de Kong, Seo et Zhai, et de Delgado sont peu connus en France.
Comment expliquer leur résultat ?
Tout d’abord, il apparaît que le fait d’être encore peu habitués à lire sur écran ne pèse pas, puisque, au contraire, la différence de compréhension s’accroît dans les études les plus récentes (Delgado).
Le livre laisse une trace plus nette.
Une autre piste d’explication est proposée par Frédéric Bernard, maître de conférences en neuropsychologie à l’université de Strasbourg, qui étudie les mécanismes de compréhension et de mémorisation des textes : « La matérialité du livre a un effet inconscient : quand on lit un livre, le cerveau, en plus de lire et de comprendre son contenu, prend en considération le volume, le poids, l’odeur de l’ouvrage… Il le manipule, le corne, il voit physiquement la progression des pages, la place des mots… » Autant d’informations sensibles qui enrichissent l’expérience de lecture. Résultat, « celle-ci laisse une trace plus nette dans le cerveau qu’une liseuse. Ce qui permet une meilleure compréhension et une meilleure mémorisation ». La rue de Grenelle a peut-être eu vent de ces études. En effet, après une distribution indifférenciée de tablettes aux collégiens sous le mandat de François Hollande, Jean-Michel Blanquer met le holà et mène une politique plus ciblée sur le sujet.