L’hyper-connexion : un risque sanitaire émergent selon AXA Prévention
En quoi le rapport aux écrans est-il un enjeu important pour Axa Prévention ?
L’association AXA Prévention dont je suis la secrétaire générale, a été fondée il y a plus de 30 ans, afin de prévenir les risques du quotidien auprès du grand public et de surveiller les risques émergents. C’est donc très naturellement que nous nous sommes tournés, il y a déjà plusieurs années, vers l’exposition aux écrans. Notre entrée dans le sujet s’est faite par le biais des téléphones portables et de leur nouvelle omniprésence, notamment au volant. En 2004, 22% des Français utilisaient leur téléphone au volant, alors qu’en 2019, ils sont 70% ! Or, un conducteur qui lit un sms a 23 fois plus de risque d’avoir un accident. En bref, le téléphone sur la route peut tuer ! A partir de ce constat, nous avons souhaité approfondir notre connaissance sur ce sujet. Ainsi, nous avons publié, en décembre dernier, le premier baromètre de prévention des risques du quotidien, montrant une tendance objective des Français à l’hyper-connexion. Ainsi, plus d’un français sur trois ne peut s’empêcher de répondre au téléphone toutes les 10 minutes, avec un impact sur la santé désormais établi : sédentarité, problèmes de nutrition, de sommeil…
Vous avez publié en octobre une étude sur l’hyperconnexion. Quels en sont les principaux enseignements ?
Cette étude confirme l’omniprésence des écrans dans nos vies. 61% des Français regardent leur téléphone dès le réveil, 55% répondent à leurs messages, mails ou notifications en moins de 30 minutes. Parmi eux, 27% répondent en moins de 5 minutes, et 38% en moins de 10 minutes ! Bref, nous sommes constamment connectés à nos portables ! Une dépendance s’installe nettement. Ainsi 37% des interrogés admettent que se passer de leur téléphone plus d’une demi-journée serait inenvisageable. Or, les médecins et experts qui ont participé à cette étude soulignent que, si nous sommes lucides sur nos capacités physiques, nous avons peu conscience de nos limites en termes d’attention. Or plus nous sommes sollicités par les écrans, plus notre degré d’attention diminue ainsi que notre capacité de concentration.
Comment agissez-vous ?
Depuis 5 ans, nous proposons, en partenariat avec la gendarmerie, la police nationale et l’Éducation nationale, un « permis Internet » aux classes de CM2, grâce à un kit pédagogique élaboré par Axa Prévention sur le bon usage d’Internet. Il y est notamment question des risques d’Internet (harcèlement, données privées…) mais aussi de l’effet des écrans sur la concentration.
Nous avons peu conscience de nos limites en termes d’attention.
Monté il y a 5 ans, ce partenariat a permis de former plus de 2 millions d’enfants. A la demande d’écoles et de municipalités, nous avons également organisé l’année dernière 50 conférences gratuites sur le sujet des écrans dans toute la France. La plupart des parents n’ont pas grandi avec les réseaux sociaux et les téléphones portables. Ils sont démunis et en demande d’informations. Nous avons également lancé en octobre un test en ligne ouvert à tous, sur le site d’Axa Prévention, visant, via un questionnaire de 5 minutes, à évaluer son propre degré d’exposition aux écrans. Enfin, nous avons lancé il y a quelques semaines un spot TV de prévention réalisé par Olivier Nakache et Eric Toledano pour faire prendre conscience du danger de l’usage du téléphone portable au volant.