QUESTIONS À… Docteur Alice Althabegoity, psychiatre addictologue
Quel est le profil des patients joueurs ?
Les patients sont très souvent des hommes, d’une vingtaine d’années. Il n’y aucun profil socio-économique typique. Cette addiction n’est pas l’apanage des milieux modestes comme certains le croient. Les joueurs sont généralement introvertis et anxieux, isolés socialement. Chez beaucoup d’entre eux, on détecte des troubles psychiatriques (troubles anxieux, dépressifs ou encore schizophrénie), qui aggravent leur rapport aux jeux.
Ces troubles n’avaient-ils pas été diagnostiqués plus tôt ?
Beaucoup des joueurs qui se retrouvent ici ont traîné pendant des années dans des consultations de psychologues, alors que leurs troubles relèvent de la psychiatrie. Leur maladie psychiatrique n’a donc pas été diagnostiquée. L’avantage de notre longue évaluation en addictologie et en psychiatrie est de détecter ces troubles, souvent ignorés. Mais globalement, il y a une insuffisance des structures de prise en charge sur ce sujet aujourd’hui. Beaucoup de familles de jeunes mineurs font appel à nous. Mais ce n’est pas le public visé par notre dispositif, et nous ne savons pas vers qui les envoyer.
Comment se caractérise votre accompagnement ?
Notre objectif est d’abord de faire une évaluation approfondie sur le plan à la fois addictologique et psychiatrique. C’est lors de cette évaluation que nous diagnostiquons les troubles psychiatriques évoqués plus haut. Nous les traitons par un accompagnement psychologique et médicamenteux. En outre, nous proposons un accompagnement éducatif, pour aider ces jeunes à reprendre en main leur scolarité, leur vie professionnelle ou leurs activités extérieures. Un autre enjeu est la prise en charge des familles, à qui nous proposons des thérapies familiales, même si elles sont souvent peu réceptives.