École : le casse-tête des rythmes scolaires
En dix ans, les réformes des rythmes scolaires se sont succédé, contraignant les communes à s'adapter. En 2008, Xavier Darcos supprime le samedi matin et répartit l'école sur quatre jours.
Une réforme contestée, cette concentration du temps étant supposée nuire à l’apprentissage et fatiguer les enfants. En 2013, Vincent Peillon rétablit une semaine de quatre jours et demi, obligatoire à partir de 2014 : 24 heures d’enseignement hebdomadaire sur neuf demi-journées. Les cinq matinées étant de préférence consacrées aux enseignements fondamentaux, lorsque les élèves sont plus attentifs.
Résultat : l’emploi du temps s’allège de 45 minutes par jour, qu’il convient de consacrer en fin de journée à des activités périscolaires, appelées « temps d’activité périscolaire » (Tap). Les collectivités sont invitées à les formaliser dans un projet éducatif de territoire (PEDT), pour proposer à chaque enfant un parcours éducatif cohérent et de qualité, avant, pendant et après l’école.
Près de 4 000 communes choisissent d’appliquer la réforme la première année. Les communes rurales, qui manquent de moyens pour suivre le mouvement, réclament des aides financières et un assouplissement du nombre d’encadrants. Au final, la plupart demandent l’abandon de la matinée supplémentaire. L’année suivante, tout en maintenant cinq matinées de travail obligatoires, Benoît Hamon autorise les communes, par dérogation, à concentrer les activités périscolaires sur une seule après-midi. L’Association des maires de France (AMF) trouve la réforme inapplicable ; elle est entendue par Jean-Michel Blanquer, qui autorise en 2017 le retour à la semaine de quatre jours. Avec son plan Mercredi de juin 2018, les communes peuvent revenir à quatre jours, en consacrant entièrement le mercredi au périscolaire, pour adapter les rythmes scolaires aux particularités locales.
Objectifs : favoriser l’accès à la culture et au sport, et lutter contre les inégalités sociales, en évitant que les élèves de milieux défavorisés soient désœuvrés le mercredi. La semaine de quatre jours coûte moins cher aux communes, en particulier en zone rurale où elles doivent prévoir des transports scolaires. Un fonds d’amorçage créé en 2013 (250 millions d’euros), transformé en fonds de soutien en 2015, aide les collectivités à mettre en place les activités périscolaires et la semaine de quatre jours et demi : une aide de 50 euros par élève, majorée de 40 euros pour les communes en difficulté. Il a été pérenne. Pour en bénéficier, la collectivité doit conclure un PEDT. Si elle applique la semaine de quatre jours et demi, les aides du plan Mercredi (1 euro par enfant) s’ajoutent au fonds de soutien.
En septembre 2018, près de neuf communes sur dix étaient revenues à quatre jours d’école. Qu’elles soient à 4 jours ou à 4,5 jours, les collectivités peuvent conclure volontairement un plan Mercredi qui les engage à proposer des activités périscolaires de qualité, en incluant tous les enfants du territoire. Selon l’AMF, le plan Mercredi semble peu adapté aux zones rurales et aux petites communes.
Pour la sénatrice Françoise Cartron (Gironde), qui a rendu en 2016 un rapport sur les PEDT, « il est faux de hiérarchiser le rural et l’urbain. Les territoires ruraux portent des projets très réussis et attractifs pour leurs territoires et leurs administrés. Certains élus à la tête de très petites communes proposent des temps d’aménagement pertinents et un éventail d’activités considérable d’un point de vue quantitatif et qualitatif. Toutefois, quelles que soient les richesses du territoire, la logistique est plus compliquée qu’en ville, ne serait-ce que par l’éloignement de certaines animations qui rend nécessaire d’organiser des transports d’élèves. Il est également plus difficile de recruter des animateurs compétents.
Exercées de manière régulière, les activités périscolaires sont source d’épanouissement, de socialisation, de citoyenneté et d’éducation sociale. Les enfants qui y participent progressent en estime de soi, ont une attitude envers l’école et un comportement social plus positifs, développent un plus fort sentiment d’appartenance à une communauté nationale, ainsi que de meilleurs résultats scolaires. Découvrir des activités variées les aide à s’orienter dans leur vie future ; se familiariser avec des disciplines artistiques, techniques, sportives, leur permet de savoir ce qui leur plaît vraiment. Ces activités périscolaires développent le savoir-être et les savoir-faire, suscitent l’intérêt et éveillent la curiosité des enfants, en apprenant de façon informelle. Cette ouverture aux autres, dans le respect de certaines règles, préfigure du comportement en tant que citoyen. En effet, les activités pratiquées en équipe inculquent l’organisation, la solidarité, le partage de règles communes… Et, au-delà de l’enseignement scolaire, donnent les moyens, à terme, de maîtriser la vie personnelle et de participer à celle de la cité.