Surexposition aux écrans, un enjeu de santé publique
Lutte contre la surexposition, alerte sur les carnets de santé pour les moins de 3 ans, limitation des portables à l’école… : le rapport aux écrans est-il un nouvel enjeu de santé publique ?
92% des Français utilisent quotidiennement internet et y passent en moyenne 4 heures et demi par jour*. Pour les jeunes entre 13 et 18 ans c’est deux heures de plus ! Il s’agit d’une durée significative à l’échelle d’une journée et cet usage bouleverse les relations sociales, professionnelles et nos modes de consommation. Tout cela est significativement amplifié pour les plus jeunes.
Or, on constate en même temps les limites de cette diffusion massive et ses effets néfastes : addiction croissante, notamment chez les adolescents. Pour les plus jeunes : risques en matière de développement du cerveau et d’apprentissage des compétences fondamentales, problèmes d’attention, de concentration ou de comportement. Sans compter la multiplication du cyber-harcèlement et des propos haineux ou l’exposition prématurée à la pornographie, qui constituent des problématiques amplifiées par la place qu’ont prise les écrans. Il s’agit donc de facto d’un enjeu de santé publique.
Comment l’Etat peut-il agir pour réguler notre usage du numérique, et notamment la nouvelle « économie de l’attention » ?
Face à ces troubles potentiels, nous devons effectivement agir. Nous avons commencé à bâtir des éléments de régulation du numérique, notamment dans le cadre de la proposition de loi contre les contenus haineux sur internet, portée par la députée Laetitia Avia. Nous allons également travailler au niveau européen pour responsabiliser davantage les plateformes quant aux contenus qu’elles diffusent, et notamment lorsqu’ils sont accessibles aux plus jeunes.
Mais la place des écrans dans notre société est loin d’être un sujet purement législatif. Nous n’allons pas forcer les usagers, même les plus jeunes, à moins utiliser leurs écrans. Il s’agirait d’une contrainte disproportionnée. L’enjeu est avant tout de donner à nos citoyens des clés de compréhension pour modérer leur consommation et celle de leurs enfants.
Les écrans sont un défi nouveau pour la parentalité. Que dire de l’accompagnement des plus jeunes face à la nouvelle omniprésence des écrans ?
C’est effectivement pour les plus jeunes que les enjeux sont les plus importants.
L’enjeu est avant tout de donner à nos citoyens des clés de compréhension.
Il s’agit d’ailleurs d’un sujet dont s’est emparé Adrien Taquet, pour sensibiliser les parents, dans le cadre de son travail sur les « 1 000 premiers jours » qui suivent la naissance d’un enfant. Ces moments sont décisifs dans le développement de ses facultés et l’exposition prématurée aux écrans peut avoir des effets dévastateurs.
Mais les parents ne sont pas toujours armés pour comprendre cet enjeu et n’ont pas toujours obtenu des repères clairs pour les guider sur ce sujet. C’est l’objectif de ces travaux : objectiver le défi, faire œuvre de pédagogie et mieux accompagner les parents.
* Selon une étude de Hootsuite et de We Are Social, en 2019