QUESTIONS À… Thomas Rhomer, président de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique
Pourquoi les écrans sont-ils un défi pour les parents ?
Je refuse l’approche stigmatisant les écrans. Le cœur du problème est l’éducation : à tort, les parents ne se sentent pas légitimes pour réguler l’usage des écrans, au prétexte qu’ils ne les maîtrisent pas ! Alors qu’il suffit de bon sens, donner des règles, poser des questions à son enfant… Il est difficile d’être parent aujourd’hui : les familles sont éclatées, les familles monoparentales augmentent, les femmes travaillent davantage…
Comment les aider à se saisir du sujet ?
La première chose est de quitter ses œillères, en nommant les choses, telles que la pornographie sur écran, et en définissant précisément les mots, tels que cyberharcèlement – qui diffère d’une insulte – ou fake news – qui n’est pas un mensonge – afin de ne pas céder à l’emballement. En outre, les parents reçoivent sur ce sujet des informations contradictoires : d’un côté le pédiatre lance des alertes sur les écrans, de l’autre le gouvernement annonce des tablettes pour tous à l’école ! Ils sont perdus. Il faut revenir à des messages simples et positifs, en rappelant, par exemple, qu’un enfant, pour se développer, a besoin d’interactions avec des adultes !
Que conseillez-vous concrètement aux parents ?
L’interdiction des écrans est devenue inapplicable tant les usages sont installés. Néanmoins, il est nécessaire de réguler l’usage des écrans, de savoir dire « non » à son enfant… On peut aussi passer du temps devant l’écran avec eux, discuter de ce qu’ils y voient. Intégré au schéma familial, l’écran ne pose pas de problème. Enfin, donner l’exemple en changeant son propre comportement est un bon moyen d’action.