« Les écrans sont des toxines neuro-développementales »
Quels sont les effets d’une surexposition aux écrans pour les moins de 4 ans ?
Premièrement, dès 6 mois, l’attention des enfants est happée par les écrans. Or ceux-ci sur-stimulent l’attention sensorielle (visuelle et auditive) des enfants, au détriment de leur attention profonde, avec des effets dramatiques sur leur développement neuro-cérébral. Les enfants surexposés ont besoin que le monde soit aussi animé et frénétique que leur écran et recherchent des stimulations équivalentes dans la réalité.
Les enfants surexposés souffrent de troubles de l’attention.
Ne les trouvant pas, ils souffrent d’une instabilité de l’attention. Deuxièmement, des écrans trop présents perturbent le mimétisme qui s’installe normalement spontanément entre parents et enfants : chacun imite les expressions de l’autre. Or devant un écran, ce mimétisme, à la base de la capacité d’empathie, ne se met pas en place chez l’enfant, qui risque de souffrir d’un défaut de relation. Troisièmement, même après 100 utilisations, l’écran reste toujours aussi attractif pour l’enfant, contrairement à d’autres objets qui finissent par le lasser. Surexposés aux écrans, certains petits finissent par trouver l’écran autant, voire plus attractif que le visage de leurs parents.
Vous parlez d’une nouvelle pathologie : l’exposition précoce et excessive aux écrans (EPEE). Quels sont ses symptômes ?
L’EPEE concerne les enfants de moins de 4 ans exposés 2 à 3 heures par jour. Cela représente beaucoup d’enfants étant donné la grande quantité d’écrans présents dans nos quotidiens. Ses symptômes sont des troubles de l’attention et du comportement (cri, tapes…) quand l’écran est retiré, un désintérêt pour ses pairs ou encore des troubles du langage. Certains comptent et énoncent les couleurs en français et en anglais, ou débitent un savoir de perroquet ingéré sur leur écran avec des intonations de voix semblables aux logiciels, mais sont incapables de répondre à une question simple ! Il y a aussi des troubles moteurs : ces enfants peuvent effleurer les objets avec finesse, maîtrisant par exemple le geste des doigts qui permet d’agrandir une image, mais ils sont globalement maladroits car ils manipulent peu d’objets. Si la surexposition est arrêtée suffisamment tôt – à moins de 2 ans – ces symptômes disparaissent après une quinzaine de jours. Une mère me racontait que son enfant venait à nouveau lui faire les câlins qu’il lui refusait avant. Néanmoins, souvent, l’instabilité d’attention persiste.
Pour les académies des sciences, de médecine et des technologies, aucune étude ne permet de prouver la nocivité intrinsèque des écrans.
Elles considèrent que les symptômes décrits plus haut relèvent surtout de la carence parentale. Ce qui est en grande partie faux puisque les symptômes de carence affective sont différents. Certes, les études actuelles se contentent de rendre compte de cas observés et ne prouvent pas les effets spécifiques des écrans, car cet enjeu est très récent. Mais tous les professionnels de la petite enfance observent la même chose : les enfants sont de plus en plus agités, en proie à des retards de développement… Dans les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), les dossiers d’enfants avec les symptômes d’EPEE s’empilent. Les écrans sont de véritables toxines neuro-développementales, au même titre que les pesticides. D’ici quelques années, cela sera prouvé scientifiquement, malgré la puissance du lobby du numérique.