Chronobiologie et rythmes scolaires : les besoins de l’enfant
La chronobiologie montre l’importance de conserver une régularité horaire à l’école. De longues matinées, à l’heure où l’élève est plus concentré, favorisent l’apprentissage.
Se coucher tous les jours à la même heure, éviter de regarder les écrans avant de dormir… Des évidences qu’il est bon de répéter aux parents pour qu’ils imposent à leurs enfants des horaires réguliers. Car l’irrégularité entraîne dysfonctionnement des rythmes biologiques et fatigue. En effet, « le cerveau se réveille toujours à la même heure », explique Claire Leconte, professeur émérite de psychologie de l’éducation et chercheur en chronobiologie. L’écran renvoie un flux bleuté très proche de la lumière naturelle.
Il est important que les enfants sortent chaque jour à la même heure.
Or, derrière les yeux, se trouve notre horloge biologique principale, la seule capable de déceler qu’on passe du jour à la nuit. En scrutant un écran trop tard, enfants comme adultes perdent une grande partie du premier sommeil, lent et profond, qui permet de récupérer de la fatigue physique et musculaire. C’est pourquoi il faut aussi que les enfants dorment dans une chambre obscure où l’on supprime tous les appareils électroniques. Autre conséquence d’un sommeil trop tardif : l’hormone de croissance, qui régénère aussi le système immunitaire et celui de la peau, n’est plus sécrétée. Et dans la journée, les jeunes sont de moins en moins capables de maintenir leur attention.
Une organisation du XVIe siècle !
« On a tort de considérer le matin équivalent à l’après-midi. Le matin, la concentration est meilleure et la synchronisation des fonctions se fait bien. Mais nous avons gardé l’organisation scolaire du XVIe siècle, avec une matinée et une après-midi de trois heures chacune, à l’époque où les écoles étaient tenues par des prêtres et où l’on s’arrêtait toutes les trois heures pour prier. On n’a pas évolué », constate Claire Leconte. Alors, quel serait aujourd’hui le découpage le plus adapté ? La psychologue, qui a aidé de nombreuses communes à redéfinir les journées de classe, préconise de concentrer au maximum l’enseignement le matin. Comme à Lille, où un projet fonctionne depuis 23 ans dans le groupe scolaire d’un quartier très défavorisé, en Rep+. La semaine s’organise selon des matinées de quatre heures et deux après-midi d’enseignement de deux heures. Les autres après-midi, une association locale propose des activités ludiques : kayak, informatique, visite de musée… « À leur entrée au collège, ces enfants sont différents, très curieux, ils ont le plaisir d’apprendre », se réjouit Claire Leconte.
Intercaler les matières
La plupart du temps, elle conseille aux communes des matinées équivalentes de 3h30 ou 3h45, trois après-midi allégées et une après-midi de parcours découverte, d’une durée identique. Conserver une constance horaire et sortir à la même heure est important. Ces longues matinées ne doivent pas servir uniquement aux maths et au français, mais faire alterner les matières avec musique, arts plastiques, langue vivante… Tisser des liens entre toutes les matières donne du sens. En maternelle, de telles matinées libèrent l’après-midi pour une sieste, sans entamer l’apprentissage et sans bousculer les enfants. Elle doit être prévue juste après le repas, à l’heure du « creux méridien », où nous connaissons à tout âge une diminution de la vigilance, une baisse de température et une moindre sécrétion de cortisol.