La ville peut toujours intervenir, même sans « plan mercredi »…
Comment les maires ont-ils vécu les dernières réformes des temps scolaires ?
Le ministre de l’Éducation nationale, Benoît Hamon, avait imposé la réforme des rythmes scolaires d’une façon verticale et uniforme, sans laisser le choix aux collectivités et sans respecter les disparités ou les diversités territoriales. Cette politique était égalitariste, mais pas équitable. L’Association des maires de France (AMF) est donc montée au créneau. Au printemps 2017, l’actuel ministre, Jean-Michel Blanquer, a laissé les maires libres de revenir ou pas aux quatre jours et demi, ce qui nous satisfait. Aujourd’hui, la préoccupation pour le périscolaire a cédé le pas aux attentes dans le cadre du projet de loi pour une école de la confiance. Mais il revient néanmoins « par la fenêtre » avec la réforme des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem).
Le « plan mercredi » a un an. Les maires en sont-ils satisfaits ?
Nous avons apprécié que le « plan mercredi » soit basé sur le volontariat. Mais nous avons observé que ce plan ne rencontre pas un très grand succès : il y a une forte disparité de volontariat sur le territoire. Ce que constatent les communes, c’est qu’il est très difficile à mettre en application, surtout dans les communes rurales. Tout d’abord, la démarche est lourde administrativement et ces mairies ne disposent pas des ressources nécessaires.
Il y a une forte disparité de volontariat sur le territoire.
Ensuite, le plan entraîne les mêmes contraintes que la réforme des rythmes scolaires qui avait créé les Tap (temps d’activités périscolaires) : contraintes financières, de locaux et de recrutement. Car, malgré les envies que les élus peuvent avoir, la ressource humaine manque ; nous nous en étions déjà rendu compte lors de la réforme des rythmes scolaires. Le dispositif peut dépouiller et déstabiliser le milieu associatif, et il précarise un certain type d’emplois, en créant des contrats de dix, douze heures, qui n’ont pas beaucoup de sens. En outre, il est difficile de recruter, surtout en zone rurale. L’aménagement des locaux pose aussi souvent problème, car on n’a pas suffisamment d’espace. Certes, les locaux scolaires sont sous-utilisés, mais celui qui sert à faire classe reste dédié à la classe, même quand il n’y a pas cours, et peut difficilement servir pour une autre activité.
Comment font les communes qui n’adoptent pas le « plan mercredi » ?
Il ne faut pas s’imaginer que, parce qu’il n’y a pas de « plan mercredi », les enfants sont totalement désœuvrés. Certes, on peut trouver n’importe où un gamin devant sa télévision… Et dans ce cas, c’est l’éducation à la parentalité qui est en cause. Mais on a minoré la complémentarité des milieux associatifs. Aide aux devoirs, clubs sportifs : de nombreuses activités sont accessibles à travers les structures associatives subventionnées par les collectivités, qui fonctionnent très bien. La réforme des rythmes scolaires avait précisément déstabilisé cette organisation associative qui est très riche en France. Et la ville peut intervenir en vertu de sa compétence d’encadrement dans le cadre de la politique Jeunesse, des contrats éducatifs locaux, etc. À Morlaix, nous n’avons pas signé le « plan mercredi ». Nous sommes revenus sur les rythmes scolaires, mais en revanche nous avons conservé certaines activités que nous proposions déjà avant, notamment pendant la pause méridienne, en complément de ce que font les associations, en bonne intelligence.