Le « plan mercredi » s’inscrit dans un projet pédagogique global
Le « plan mercredi » répond-il aux attentes des communes ?
Sous certains aspects, oui, notamment parce que le « plan mercredi » a confirmé l’existence des plans éducatifs de territoire (PEDT). Il répond ainsi à la dynamique dans laquelle se sont lancées les collectivités : coordonner, organiser et animer la complémentarité éducative sur les territoires. Le plan favorise aussi la réduction des inégalités d’accès aux activités périscolaires culturelles, sportives et de loisirs, toujours en complément de l’école. Autre atout : il réaffirme l’accès du plus grand nombre, notamment celui des enfants en situation de handicap ou à besoins particuliers. Ces « plans mercredi » visent aussi à valoriser les ressources locales avec une interaction entre les acteurs culturels, sportifs et de loisirs, et les centres d’accueils de loisirs. Le contenu des activités proposées le mercredi, lui, est « historique » pour les communes. Il est issu de l’éducation populaire, déjà engagée dans des projets pédagogiques répondant aux mêmes enjeux ; en ce sens, le plan est plutôt une mise en lumière des temps périscolaires de qualité qui existaient déjà dans de nombreuses collectivités.
Quels sont les points de vigilance ?
Même si le « plan mercredi » a été très médiatisé, il ne faut pas oublier qu’il doit s’inscrire dans un projet pédagogique plus global, en complémentarité de tous les temps périscolaires : accueil du soir, pause méridienne… Ensuite, le mercredi étant devenu périscolaire, les taux d’encadrement ont été « desserrés » : il faut désormais au minimum un animateur pour dix enfants de moins de 6 ans (au lieu de un pour huit), et un pour quatorze pour les plus de 6 ans (au lieu de un pour douze). Les animateurs ont vécu ce changement comme un paradoxe avec la dimension très qualitative des plans.
Il manque une articulation entre les dispositifs éducatifs.
Par ailleurs, le délai de mise en œuvre a été très court et avec des informations très partielles : les collectivités ont dû s’engager dans un « plan mercredi » avant même que les modalités de financement aient été définies. Mais je crois que la principale difficulté, c’est la démultiplication et l’absence d’articulation des dispositifs : petit déjeuner à un euro, « plan natation »… Les collectivités doivent suivre le plan de communication du gouvernement qui veut aller très vite, alors qu’il manque une concertation et un travail partagé entre l’État et les collectivités sur les questions éducatives. Il n’y a pas le temps de l’évaluation, ni de la compréhension.
Le gouvernement devrait financer 500.000 nouvelles places d’ici 2022 ?
En théorie, le gouvernement avait annoncé un doublement de la prestation de service ordinaire (PSO) par heure et par enfant, grâce à une bonification liée à la différence de fréquentation par rapport à l’année précédente (cf. article page 16). Mais, alors que 500.000 nouvelles places ont été évoquées d’ici 2022, aujourd’hui elles ne sont pas financées par la Caf à cause de la simultanéité du retour à la semaine de quatre jours. En effet, quand le retour à quatre jours a entraîné une baisse de la fréquentation des accueils de loisirs, cela a diminué le nombre d’heures financées. Toutes les collectivités ne bénéficient donc pas du soutien du gouvernement qui est largement lié au contexte de chacune, et pas uniquement à la qualité. Les cartes pourront être rebattues l’an prochain. Mais à partir du moment où le gouvernement souhaite marquer son soutien aux collectivités, son accompagnement financier est en deçà de ce qui avait été annoncé.