« Plan mercredi » : les petites communes peuvent-elles se lancer ?
Organiser des activités périscolaires le mercredi demande une logistique importante (transport, animateurs...) et des moyens financiers qui peuvent dissuader les petites communes d’élaborer un « plan mercredi ». Certaines font pourtant ce choix.
Par dérogation, les communes peuvent organiser la semaine scolaire sur quatre journées, et non sur quatre jours et demi, en maintenant un temps d’enseignement de 24 heures par semaine, sur 36 semaines, soit 864 heures par an. En novembre 2018, la très grande majorité avait opté pour ce retour à quatre jours – 87% des communes avec une école publique*. Dans les deux cas, les collectivités peuvent conclure volontairement un « plan mercredi »** qui les engage à proposer des activités périscolaires de qualité, en incluant tous les enfants du territoire. Elles doivent les déclarer comme accueil de loisirs sans hébergement (ALSH) et annexer ce plan au projet éducatif de territoire (PEDT) dont il devient indissociable. « Le plan mercredi a bien démarré, avec 1.978 plans validés, a déclaré le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, le 25 avril. Il vise au moins un quart des communes qui rassemblent 43% des enfants scolarisés. Un plan mercredi sur dix comprend un quartier politique de la ville, et un certain nombre implique des zones de revitalisation rurales. L’objectif du plan était profondément social : venir en appui aux communes qui en ont le plus besoin pour offrir aux élèves une activité riche le mercredi. »
Éventail d’activités
« Pour l’Association des maires de France (AMF), le plan mercredi doit être accessible à toutes les collectivités volontaires pour organiser des activités périscolaires le mercredi et le projet éducatif territorial doit rester un outil souple et adapté aux besoins des territoires. Il ne faudrait pas que le renforcement des exigences de qualité attendues du PEDT conduise à écarter les collectivités qui n’auront pas les moyens d’organiser les activités périscolaires sous la forme d’un ALSH déclaré », précise Agnès Le Brun, vice-présidente de l’AMF et maire de Morlaix.
Il faut aussi recruter des animateurs compétents.
Car, selon l’AMF, le « plan mercredi » semble peu adapté aux zones rurales et aux petites communes, et l’obligation d’ouvrir un ALSH déclaré s’avère dissuasive pour certaines. « Il est faux de hiérarchiser le rural et l’urbain, considère pour sa part la sénatrice Françoise Cartron (Gironde), vice-présidente du Sénat, qui a rendu en 2016 un rapport sur les projets éducatifs de territoire au Premier ministre. Les communes rurales portent des projets très réussis et attractifs pour leurs territoires et leurs administrés. La plupart des édiles rencontrés, et en particulier certains élus à la tête de très petites communes, proposent des temps d’aménagement pertinents et un éventail d’activités considérable d’un point de vue quantitatif et qualitatif. » Comme le fait Basse-Ham (cf. p. 26).
Des partenariats locaux
Toutefois, quelles que soient les richesses patrimoniales du territoire et son offre culturelle, sportive et de loisirs, la logistique reste plus compliquée qu’en ville, ne serait-ce que par l’éloignement de certaines animations qui rend nécessaire d’organiser des transports d’élèves. Il faut aussi recruter des animateurs compétents. À l’école maternelle, la collectivité doit prévoir un animateur pour huit enfants lorsque la durée de l’accueil de loisirs est supérieure à cinq heures consécutives (journée du mercredi complète) et un animateur pour dix enfants lorsqu’elle est inférieure. Pour l’école élémentaire, les taux sont respectivement d’un animateur pour douze enfants ou pour quatorze. La solution passe par des partenariats locaux, encouragés par le « plan mercredi ».
* Enquête de l’Association des maires de France
** Site internet dédié : planmercredi.education.gouv.fr