Périscolaire : armer les jeunes pour leur vie de futurs citoyens
Fondamentales pour l’épanouissement de l’enfant et son insertion dans la société, les activités périscolaires visent à développer son savoir-être et ses savoir-faire.
Psychologue et membre du comité de pilotage de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires, François Testu est formel : « Exercées de manière régulière, les activités complémentaires de l’école et les activités périscolaires sont source d’épanouissement, de socialisation, de citoyenneté et d’éducation sociale.
Ces temps périscolaires viennent directement prolonger l’école.
Il est fondamental que ces moments existent en dehors de l’école, pour apporter une éducation informelle qui se distingue de l’instruction ». Plusieurs dizaines d’études américaines montrent aussi que les enfants qui participent à des programmes périscolaires « progressent en estime de soi, ont un comportement social et une attitude envers l’école plus positifs ainsi que de meilleurs résultats scolaires », rapporte Catherine Collombet, conseillère scientifique du Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA). Ils font face à moins de problèmes de comportement ou de drogue. Les loisirs organisés et les activités périscolaires apporteraient également une plus-value par rapport à des loisirs non structurés, et même davantage que les activités scolaires à elles seules. Ces effets positifs se rencontrent en particulier pour les enfants de familles modestes.
S’orienter dans la vie
Les enfants des familles à faible revenu ou monoparentales, et ceux dont les parents sont issus de minorités ethniques, participent moins aux structures d’accueil que les autres. Motifs : le coût, le manque de transport et des mères qui, ne travaillant pas, peuvent garder les enfants à la maison. Ce sont eux, pourtant, que le désœuvrement guette le plus et à qui ces activités seraient le plus profitables. « Découvrir des activités variées aide les enfants à s’orienter dans leur vie future. Se familiariser avec des disciplines artistiques, techniques, sportives, leur permet de savoir ce qui leur plaît vraiment », affirme Julien Vincent, architecte-associé à l’agence Why Architecture. Il s’interroge : pourquoi ne pas imaginer des kits mobiles, des chariots multi-fonctions contenant le matériel nécessaire à un éventail d’activités, manuelles par exemple (poterie, imprimantes 3D…), que les collectivités se partageraient sur un même territoire ?
Partage de règles communes
Ces temps périscolaires viennent directement prolonger l’école, grâce à des projets et des occupations propices à enrichir les apprentissages des élèves. Pratiquées en groupe, les activités périscolaires développent leur savoir-être et leurs savoir-faire. Elles suscitent leur intérêt et éveillent leur curiosité, en apprenant et en découvrant différemment, de façon non formelle. C’est précisément l’objectif des « plans mercredi » et des projets éducatifs de territoire (PEDT) dans lesquels ils s’inscrivent. Car le cerveau se développe en fonction des événements extérieurs qui le sollicitent. En étant attentif à ce qui se passe autour de lui grâce à des animations ludiques et variées, l’enfant apprend à écouter les autres, à respecter leurs désirs et à collaborer en groupe, et il améliore sa capacité de réflexion. Cette ouverture aux autres, dans le respect de certaines règles, préfigure de son comportement en tant que citoyen. En effet, les activités pratiquées en équipe inculquent l’organisation, la solidarité, le partage de règles communes… Ouvrir l’esprit des petits, au-delà de l’enseignement scolaire, leur donnera les moyens, à terme, de maîtriser leur vie personnelle et de participer à la vie de la cité. Certaines collectivités proposent, du reste, des ateliers où les enfants apprennent en quoi consiste la vie de la collectivité. Le programme « Les petits citoyens » de la fondation Léo-Lagrange sert de support à des activités ludiques pour parler de citoyenneté avec les enfants, à l’occasion notamment des élections présidentielles et législatives. Un livret d’activités, conçu pour être utilisé aussi bien à l’école que pendant les temps péri-éducatifs, aide les animateurs à échanger avec les enfants sur le fonctionnement de la République, l’importance de la démocratie, les différentes formes d’engagement citoyen, les droits et devoirs de chacun. Informations pratiques, jeux, bandes-dessinées… les amènent à prendre conscience que la citoyenneté les concerne, malgré leur jeune âge, et à comprendre comment adopter un « comportement citoyen » au quotidien. Quant aux adolescents, attachés à leur indépendance, ils préfèrent passer du temps avec leurs amis, en dehors de toute structure organisée.
Les « plans mercredi » intéressent davantage les communes restées à quatre jours et demi
Les enfants scolarisés inscrits aux accueils du mercredi sont nettement moins nombreux que ceux qui fréquentaient les activités périscolaires dans le cadre de la semaine de quatre jours et demi, selon l’Association des maires de France (AMF)*. Ils sont moins d’un sur quatre dans les deux tiers des collectivités, contre au moins 70% à l’école élémentaire et 53% en maternelle en 2016. Le « plan mercredi » semble intéresser proportionnellement davantage les communes dont les écoles sont restées à quatre jours et demi, ainsi que celles qui comptent plus de 2.000 habitants. Le coût brut de fonctionnement des accueils du mercredi, par an et par enfant, s’élève à 316 euros pour les communes et 363 euros pour les intercommunalités. Un coût supérieur à ceux des accueils de semaine : respectivement 281 et 341 euros.
* Enquête réalisée en novembre 2018