« Le Logement d’abord est une réforme structurelle »
Pourquoi le plan Logement d’abord est-il lent à produire des résultats ?
Depuis son lancement, il en produit et ils sont très visibles (encadré ci-dessous). Grâce à l’action de l’État, en 2018, plus de 70 000 personnes en hébergement ou à la rue ont été relogées, c’est 21% de plus qu’en 2017. Le Logement d’abord est une réforme structurelle et nous sommes sur du temps long avec des premiers effets immédiats. Qui peut penser que nous allons résoudre la crise du logement et de l’hébergement en moins de deux ans ?
Pourquoi n’accélère-t-on pas cette dynamique ?
Il ne suffit pas de décider de construire plus de logements sociaux pour qu’ils sortent de terre. Le Logement d’abord repose sur de nombreux acteurs qui doivent se coordonner et aller dans le même sens. C’est un changement de modèle. Je comprends l’impatience des associations. J’ai la même. Le gouvernement a la même. Mais, tous nos indicateurs montrent une progression de notre réponse à la situation de la précarité et à l’accès au logement.
Quelles sont les prochaines étapes ?
En premier lieu, poursuivre cette dynamique avec des objectifs plus ambitieux. L’autre point clé est d’accompagner ce changement par la formation des acteurs concernés. Le travail effectué vis-à-vis des personnes en situation précaire est principalement réalisé par les associations et les collectivités territoriales. Cet accompagnement est essentiel pour passer à la vitesse supérieure. Car le Logement d’abord, avec les milliers de décisions prises sur le terrain, est une politique territoriale et globale puisqu’elle prend en compte l’ensemble des dimensions de l’accès au logement. Il faut faire également évoluer les structures, les réponses des SIAO (services intégrés de l’accueil et de l’orientation), la manière de fonctionner des CHRS (centres d’hébergement et de réinsertion sociale), créer des places hors les murs, travailler encore plus en synergie avec les bailleurs sociaux, mobiliser des places dans le secteur privé…
Ne faut-il pas aussi prévenir les ruptures ?
Il serait absurde de faciliter l’accès au logement et d’accélérer la production de logements abordables, en alimentant la pauvreté et le sans-abrisme. Nous avons élaboré un plan pour renforcer la politique de prévention des expulsions locatives et améliorer son efficacité, en mettant par exemple en place avec la loi Elan des diagnostics sociaux systématiques pour permettre une meilleure instruction par le juge, car il y a un rapport direct entre la connaissance de la situation du locataire et une prise de décision équitable entre maintien du locataire et garantie des droits du bailleur. Nous travaillons à prendre les situations le plus tôt possible pour une résolution rapide. À chaque fois que des personnes sont expulsées, se retrouvent en hébergement ou pire dans la rue, que d’autres restent en CHRS alors qu’elles pourraient intégrer un logement, on gâche une capacité à s’insérer, à se reconstruire et à participer pleinement à la vie de la société.
Le Logement d’abord en chiffres
• Nombre de places en intermédiation locative : plus de 6 000 en 2018 et 8 800 en 2019.
• Pensions de famille : 2 500 nouvelles places en 2019.
• Agréments de logements sociaux (PLAI), 2018 a été la deuxième meilleure année depuis 2000
• Un objectif de 16 000 logements hors Île-de-France pour les réfugiés a été fixé pour 2019, soit le double du résultat de 2018 qui représentait déjà une augmentation de 90% par rapport à 2017.