Allemagne : Berlin appelle à plus de logement social
La capitale allemande n’échappe pas à la gentrification qui touche la majorité des métropoles occidentales et pousse les plus modestes en périphérie. Faute d’offres – une étude de la fondation Hans Böckler chiffrait l’année dernière à 310 000 le nombre d’habitations manquantes -, les loyers flambent : ils ont plus que doublé en dix ans pour atteindre une moyenne de 10 euros le mètre carré en 2018 sur l’ensemble du parc (social et résidentiel). Dès son installation au printemps, le gouvernement avait annoncé mobiliser 5 milliards d’euros pour la construction d’1,5 million de logements sociaux en Allemagne, soit 375 000 par an. Mais cette annonce n’a pas suffi pour les Berlinois, locataires à 80%, qui, en avril dernier, ont protesté dans la rue contre des loyers exorbitants.
Une amende pouvant atteindre jusqu’à 500 000 € pour les propriétaires récalcitrants.
En plus d’une offre qui manque cruellement, un boom démographique submerge la capitale : 30 000 nouveaux habitants arrivent chaque année. Par ailleurs, des sociétés foncières appâtées par des prix bas, par rapport à Paris ou Londres, rachètent des immeubles entiers pour les revendre le plus rapidement possible à d’autres groupes en dégageant de belles plus values. Pour endiguer ces phénomènes, Berlin a décidé en juin dernier de geler les loyers pendant cinq ans, sous peines de sanctions lourdes. Ainsi, les propriétaires récalcitrants risquent une amende pouvant atteindre jusqu’à 500 000 euros. Ni les logements sociaux, ni les appartements neufs jamais loués ne sont concernés, mais cette mesure vise tout de même près d’1,6 million de logements anciens du parc privé. Même en cas de rénovation, toute augmentation supérieure à 50 centimes par mètre carré devra être approuvée par les autorités locales. Une loi devrait être votée d’ici 2020.