QUESTIONS À… Ben Rickey, chef de projet à l’Agence nouvelle des solidarités actives (Ansa)
Quel est le bilan de l’étude de faisabilité du Logement d’abord réalisée à Strasbourg ?
Nous avons proposé des mesures autour de l’accès au logement, de l’accompagnement et de la prévention des expulsions et des ruptures. Plusieurs ont été engagées, dont la mise en œuvre d’une plateforme pour capter des logements dans le parc privé. Nous constatons un portage politique volontaire de la part de l’État, la ville et l’Eurométropole de Strasbourg.
Peut-on déjà y déployer le Logement d’abord ?
Si l’ambition de la ville est d’améliorer la prise en charge des SDF, c’est possible mais avec davantage de financements. Faute de moyens engagés, cette volonté politique peut peiner à réduire le sans-abrisme sur le long terme. La dynamique enclenchée a besoin d’une politique du logement ambitieuse inscrite dans la durée, et de renforcer la capacité à accompagner les personnes « hors les murs » de la rue au logement.
Que proposez-vous ?
La meilleure approche est celle d’un accompagnement des personnes, plutôt qu’un suivi calqué sur des places et des dispositifs. Nous avions proposé une mesure ambitieuse, revue à la baisse, avec la création d’équipes mobiles capables de suivre les personnes, de la rue au logement. De même, nous sommes tous d’accord pour dire que les SIAO (services intégrés de l’accueil et de l’orientation) doivent avoir un rôle pivot. Mais comment l’assurer quand ils absorbent des flux considérables de sans domicile, notamment en zones tendues ? Le faible effectif de ces équipes complique l’accueil des sans-abri et le suivi de leur situation jusqu’à l’obtention d’une solution pérenne vers le logement. Le lien entre les SIAO et les plateformes d’accompagnement, pierres angulaires du plan quinquennal, représente un chantier majeur.