« Le logement doit être un produit de première nécessité, surtout lorsqu’il est social »
Que pensez-vous de la politique du gouvernement en matière de logement ?
Nous saluons le retour de la TVA à 5,5% pour les logements financés en PLAI (Prêt locatif aidé d’intégration). Comme le beurre ou le sucre, le logement doit être un produit de première nécessité, surtout lorsqu’il est social. Beaucoup de logements sociaux sont bloqués par des personnes dont le revenu a pourtant évolué, mais qui n’ont pas d’alternatives de mobilité résidentielle.
Quelle est la problématique du logement en France ?
L’urbanisme ! En 15 ans, les prix du neuf, surtout constitués de la charge foncière, ont doublé. En zone tendue, il faut réguler le prix du foncier par des appels à projets plutôt que par des enchères ! Et, parce que ce foncier est rare, l’urbanisme est décisif. Chaque étage construit en moins est un crime. Les sols continuent d’être artificialisés, en rejetant la construction en périphérie comme on étale une pâte à tarte. L’habitat périurbain a doublé, et la ville ne respire plus.
Faut-il avoir recours à la construction verticale ?
Les Français rêvent de villages, mais les emplois sont aujourd’hui concentrés dans les métropoles françaises. Construisons donc des villages verticaux en ville, comme notre tour Emblematik, dessinée par Roland Castro, qui vient de sortir de terre à Aubervilliers. C’est le premier village vertical de France, au pied d’un métro, avec des jardins suspendus tous les quatre étages et des commerces et services en pied d’immeubles. Cette autre manière d’habiter libère de la pleine terre au sol, synonyme d’îlots de fraîcheur pour abaisser la température des villes. En construisant deux fois plus, le terrain coûte moins cher, et le logement devient plus abordable. La tour Emblématik s’est vendue à moins de 5 000 euros du mètre carré, quand à Paris on compte en moyenne 10 000 euros dans l’ancien. Plutôt que de rejeter les familles à des kilomètres, ces villages urbains rapprochent des équipements et services, et donc de la vie. Pourtant, pour livrer ce premier village vertical, il aura fallu attendre 11 ans et la consultation de trois communes.
A-t-on davantage recours à l’habitat en hauteur ?
Cet été, le député LREM Aurélien Taché a lancé une concertation et une mission intitulée Construction et Urbanisme sur l’habitat en hauteur. Mais les PLU (plans locaux d’urbanisme) sont figés depuis de années. A l’approche des élections, certains PLUI (plans locaux d’urbanisme intercommunal) dans des communes aux abords de la capitale réduisent encore les hauteurs de constructions. En zones tendues, il faut instaurer des hauteurs minimales afin que les maires, même les plus inspirés, ne soient plus les otages de leurs habitants au moment des municipales et puissent construire des immeubles de grande hauteur.
La promotion privée peut-elle offrir des logements aux plus défavorisés ?
Avec notre structure « Nexity Non Profit » en faveur du logement des personnes défavorisées, nous libérons une partie de la constructivité dès que nous le pouvons afin de produire des pensions de famille, et celà sans dégager de profit. En un an, cette organisation ad hoc de Nexity a construit plus d’un millier de logements. C’est pratiquement le double de toute la production en France.
Comment endiguer cette crise du logement ?
Une grande concertation avec le public, les maires, les grandes métropoles, par l’intermédiaire de France Urbaine, doit être menée pour ériger des remparts contre « l’égologisme ». Les citadins sont sans doute d’accord avec la verticalité. Sauf quand ça se passe à côté de chez eux. En 2030, il y aura 4 millions de ménages supplémentaires, et dans les zones denses, 80% de la population ne peut pas acheter son logement. Continuer de s’opposer à la verticalité, c’est être contre l’humanité.