États-Unis : 91% de sans-abris en moins en Utah
Au cœur de l’Ouest Américain, Salt Lake City est devenue un emblème du Housing First. Elle a mis en œuvre cette méthode de réinsertion sociale conceptualisée à New-York en 1992 par Sam Tsemberis, docteur à l’université de Columbia. Le succès est au rendez-vous. Entre 2005 et 2015, en offrant un logement de manière inconditionnelle, avec un accompagnement par des travailleurs sociaux pour se soigner puis trouver un travail, la capitale de l’Utah a réduit le sans-abrisme de 72%. Outre l’objectif de solidarité, cette mesure a d’abord été mise en place pour maîtriser la dépense publique. « La thèse de la rentabilité financière du Housing First repose sur un calcul qui ne prend pas seulement en considération le coût des services sociaux, mais également celui de la police, de la justice et des services médicaux, pour lesquels les sans-abris représentent également une charge de travail », indique Christophe Sente, chercheur en sciences politiques à l’université libre de Bruxelles*. D’après une étude des services sociaux de l’Utah, un sans domicile coûte près de 14 000 euros par an. Offrir un toit et un suivi professionnel descend la facture publique à 9 050 euros, en intégrant le salaire des travailleurs sociaux qui accompagnent ses « homeless » jusqu’à leur réinsertion. Les bénéficiaires doivent payer un loyer mensuel de 41 euros ou de 30% de leurs revenus. L’Utah dirigé par les Républicains, donc conservateur, s’est même doté d’une Homeless Task Force. Dirigée par Lloyd Pendleton, retraité passé par Ford Motors et l’encadrement de l’Église Mormone, elle annonce avoir offert un toit à 91% des sans domicile de tout l’Etat en 2016. Et ne désespère pas d’atteindre les 100%.
* Co-auteur avec le politologue Julien Raone d’une étude pour la Fondation Jean-Jaurès : Zéro SDF ? Pour l’attribution universelle d’un logement