La Finlande mise sur la biomasse
Le 20 décembre 2018, la Finlande a déposé auprès de la Commission européenne sa stratégie en faveur du climat et de l’énergie, fondée sur ses ressources locales, notamment la biomasse.
La stratégie finlandaise de long terme vise à la neutralité carbone en 2050, mais aussi à remplir les objectifs du paquet hiver européen à l’échéance 2030. Ainsi, si l’objectif de neutralité carbone prévoit de réduire les émissions de GES de 80% à 95% en 2050, l’objectif intermédiaire européen en 2030 met cette barre à 39% (hors secteur ETS). La Finlande mise sur une montée de 50% des ENR sur les années 2020, sur une réduction de 50% des besoins en pétrole sur la période et sur la fin du recours au charbon.
Favoriser la biomasse par la mise en place d’une taxe charbon.
Elle vise également à atteindre une part de renouvelable dans les transports à hauteur de 40% en 2030. Le pays dispose d’un mix d’ores et déjà varié, avec comme première source consommée la biomasse, qui représente environ un quart de la demande (26%), devant le pétrole (23%), le nucléaire (comptant pour 18% de la demande totale d’énergie) et le charbon (9%). Côté électricité, le pays est déficitaire en production, important une part non négligeable de ses besoins : il produit un peu plus de 65 TWh par an, alors qu’il consomme environ 85 TWh. Le nucléaire représente près d’un tiers de la production, mais le charbon pèse encore pour environ 10% de la production d’électricité finlandaise, le gaz ne pesant qu’aux alentours de 5%, soit à peine plus que la tourbe, considérée par les Finlandais comme une source « lentement » renouvelable.
La cogénération très présente
En outre, le pays a particulièrement recours à la cogénération, comme dans la majeure partie des pays nordiques. Les acteurs de l’industrie, dont le secteur forestier, sont d’ores et déjà les principaux utilisateurs de cette technologie, et réutilisent largement les déchets forestiers pour la production. En 2018, le gouvernement finlandais a décidé de stopper tout recours au charbon à la fin de 2029. Mais, dans un souci de sécurité d’approvisionnement en électricité, le recours à la biomasse pour remplacer le charbon dans les installations a été le choix de ce pays dont une bonne partie de l’activité économique repose sur l’exploitation forestière. Dès à présent, la biomasse, qui dans le pays est très majoritairement d’origine solide (bois et déchets forestiers), a une place importante dans le dispositif finlandais. Mais cette position sera renforcée, notamment pour la production de chaleur. Le gouvernement finlandais a ainsi décidé de mettre quelque 90 millions d’euros sur la table pour les réseaux de chaleur qui acceptent d’abandonner le charbon (et produisent à partir de biomasse solide) dès 2025. Par ailleurs, le recours à la biomasse est favorisé par la mise en place de taxes sur le charbon, mais aussi sur la tourbe (plus nocive que le bois pour l’environnement).
Les biocarburants à contribution
Si l’objectif est de 40% de renouvelable dans le secteur automobile, une très large part repose, comme dans la chaleur et l’électricité, sur la biomasse, via les biocarburants. Le but du gouvernement est d’atteindre 30% de biocarburants à l’horizon 2030 dans le secteur du transport, mais les machines et les systèmes de chauffage sont également tenus d’atteindre 10% de leur carburant avec de la biomasse. Pour le solde, le véhicule électrique est appelé à la rescousse, avec un objectif limité de 250 000 véhicules (5,5 millions d’habitants seulement) et 50 000 véhicules au gaz, notamment via du biogaz. Enfin, il est également à noter que le pays entend bien augmenter sa part d’électricité à partir de nucléaire, pour la porter à 40% ou plus des futurs approvisionnements en courant.