Quand les lieux publics se substituent à la prison
En 2018, 40 380 condamnés effectuaient de travaux d’intérêt général (TIG), selon le ministère de la Justice. Cette forme d’exécution des peines facilite la réinsertion et réduit le budget carcéral. Pour porter le nombre de postes de TIG disponibles de 18 000 à 30 000 d’ici deux à trois ans, l’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice a été créée fin 2018. Objectif : inciter entreprises, associations ou collectivités à accueillir des « tigistes ». Une première université s’y est engagée en juillet 2017. Philippe Augé, le président de l’université de Montpellier, explique que « comme d’autres établissements publics avant elle (dont les archives nationales, la gendarmerie, la DRAC ou encore l’hôpital), l’université a souhaité s’engager dans ce dispositif parce qu’en tant qu’opérateur de l’Etat, elle a un devoir d’exemplarité. Lieu de savoir et de pédagogie, elle a aussi une responsabilité sociale qu’elle désire promouvoir. Enfin, c’était une façon de concrétiser et de valoriser les liens entre l’établissement et l’administration judiciaire ». Habilitée par les tribunaux de grande instance de Montpellier et de Béziers, elle a déjà accueilli 16 tigistes, dont le graffeur Smog qui a réalisé une fresque sur un mur du gymnase. Le service pénitentiaire d’insertion et de probation de l’Hérault a choisi les candidats (des délinquants de la route en majorité), écartant les usagers de stupéfiants. Au total, 1 200 heures de travail non rémunéré ont contribué à l’entretien des espaces verts, la logistique, l’administratif, la maintenance, la gestion des collections et la communication de l’université. Les travaux proposés doivent être utiles, relever du secteur non marchand et ouvrir des opportunités d’insertion sociale et professionnelle à la personne condamnée, selon la loi de 1983 qui a instauré les TIG.