Danemark : Une ville libre au cœur de Copenhague
A Copenhague, une caserne militaire désaffectée est devenue la première « commune » autogérée en Europe, Christiania. Dès 1971, une centaine de hippies et de chômeurs a investi les bâtiments abandonnés pour y créer une communauté autonome, régie par 9 interdictions : le port d’armes, les drogues dures, courir, camper, photographier les habitants, circuler en voiture, la violence, le vol et les gilets pare-balles. Dans ce bastion indépendant qui possède sa propre monnaie et son drapeau, les décisions sont prises par consensus, et non par vote, au sein de trois « institutions » : les conseils de maison, les conseils de quartier, et l’assemblée générale qui tranche les conflits non réglés par les autres instances et traite les questions d’intérêt général. Cette « ville libre » de 34 hectares a compté jusqu’à 3 000 habitants (900 aujourd’hui), qui l’ont façonnée au gré de leurs envies. On y trouve des maisons construites avec des matériaux de récupération, des fresques colorées, une boulangerie, des boutiques bio, des cafés, un service de voirie, un jardin d’enfants, un espace de troc, une imprimerie, une radio libre, une librairie, un cinéma, une fabrique de vélos et un skate park. L’utopie a toutefois ses limites : le service de sécurité organisé par les habitants s’est trouvé débordé par le trafic de cannabis. Alarmée par cette situation, la Cour suprême danoise a menacé en 2011 de retirer son statut de « zone d’expérimentation sociale » à Christiania. Un compromis a été trouvé avec les habitants : des caméras de surveillance ont été installées dans la « rue du deal » et la police municipale y patrouille chaque jour. Mais le trafic demeure. Plutôt que de démanteler le site, les sociaux-démocrates envisagent de dépénaliser le cannabis. Christiania est en effet la deuxième attraction touristique la plus visitée du pays, après le parc Tivoli.