« Nous sommes en capacité d’accompagner le centre-ville »
Comment Les centres commerciaux s’intègrent-ils à l’espace public aujourd’hui ?
Les centres commerciaux ont été construits pour la plupart en dehors des villes, en pleine époque de sur-consommation. Mais rattrapé par l’urbanisation, le centre commercial est devenu un nouveau morceau de ville, intégré au territoire en termes d’accessibilité et d’environnement. A ce titre, il a pleinement fonction d’espace public. Il constitue un lieu de rencontre et de loisirs pour les résidents et les actifs. C’est aussi un moteur de l’activité sociale et économique du territoire. Demain, les foncières deviendront des aménageurs : il est dans l’intérêt commun que nous densifions nos sites avec des logements, des résidences, des bureaux, des services et des plateformes logistiques du dernier kilomètre. C’est le sens de l’Histoire.
Des services d’utilité publique sont-ils proposés dans les centres commerciaux ?
Les centres commerciaux animent les territoires. Nous développons l’attractivité commerciale des villes en implantant des enseignes innovantes et en évitant l’évasion commerciale. Nous accompagnons les indépendants et les franchisés locaux, qui représentent parfois, comme dans notre extension de Cap Saran, près d’Orléans, jusqu’à 50% de l’offre. Bureaux d’associations, annexes de mairies, bureaux de postes, pharmacies, centres médicaux sont aussi les bienvenus dans nos centres.
Demain, les foncières deviendront des aménageurs.
Nous agissons également pour la vie locale : en 2018, nous avons proposé dans les centres Carmila 1 340 animations caritatives, sportives et culturelles en partenariat avec des acteurs locaux. Par ailleurs, nous participons au développement durable des villes en favorisant l’emploi local, par exemple en organisant des journées de « job dating ». Enfin, nous soutenons l’innovation des territoires en combattant la fracture numérique par le déploiement d’un wifi gratuit très haut débit, et travaillons avec des incubateurs locaux, tels que le LAB’O à Orléans ou l’IoT Valley à Toulouse.
On oppose souvent le centre commercial au commerce de centre-ville. Est-ce légitime ?
Pas du tout ! Rappelons que 20% des centres commerciaux sont situés en centre-ville. Nous partageons le même enjeu d’attractivité des territoires. Surtout, grâce à notre connaissance locale et notre expertise marketing et digitale, nous sommes en capacité d’accompagner le centre-ville. Une rue commerçante peut tout à fait être gérée comme un centre commercial avec un directeur, un cahier des charges, des heures d’ouvertures communes, des bases de données mutualisées… Nous pouvons aider les managers de centre-ville à élaborer un plan marketing et à déployer des outils digitaux drive-to-store afin d’agir collectivement pour la défense du commerce physique.
En tant que président du CNCC, quels chantiers voulez-vous mener au côté des élus locaux ?
Le CNCC est une organisation pluraliste où enseignes, commerçants, foncières et acteurs locaux travaillent conjointement pour l’attractivité des territoires. Je souhaite renforcer nos actions avec les élus locaux en faveur du commerce physique. En tant que membre du Conseil d’orientation du plan « Action cœur de ville », le CNCC a émis plusieurs propositions pour soutenir les zones à revitaliser dans 222 municipalités : parmi elles, l’exonération d’autorisation d’exploitation commerciale a été intégrée à la loi ELAN. Notre objectif est d’inventer des lieux de commerce qui soient aussi des lieux de vie. Nous pouvons aider les municipalités à structurer une offre de services autour des commerces, comme des équipements sportifs ou des maisons de santé. Enfin, nous devons nous allier pour une équité réglementaire et fiscale avec les pure-players du e-commerce. Il en va de la pérennisation de l’attractivité des territoires.
* Conseil National des Centres Commerciaux