Olivier Landes : L’assistant à la maîtrise d’ouvrage artistique urbain
Fondateur et directeur artistique de l’association Art en Ville, cet urbaniste accompagne les collectivités dans la réalisation d’œuvres monumentales.
Avec la livraison de l’œuvre des artistes Ella&Pitr le 11 juin 2019, le parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, possède désormais la plus grande fresque d’art urbain d’Europe.. Cette œuvre de 25 000 m2 -l’équivalent de 4 terrains de football- a été conçue et orchestrée par Olivier Landes, le fondateur et directeur de l’association Art en Ville. Ce Parisien de 44 ans a lancé sa structure en 2013 afin de réunir sa passion pour l’art urbain et son expérience d’urbaniste. Il accompagne des communes, ainsi que des bailleurs sociaux (comme la Régie immobilière de la ville de Paris) et privés, pour « faire le dialogue entre l’urbain et le paysager, les collectivités et les artistes. Art et Ville travaille sur des projets de grande ampleur, à fort impact pour la population. Chaque projet débute par l’observation du site, de ces usages, des flux qui le traversent et des éléments naturels – végétaux ou aquatiques – présents.
Chaque projet débute par l’observation du site et de ses usages.
C’est cette étude qui va guider le choix de l’artiste », détaille Olivier Landes. Féru des muralistes espagnols et sud-américains, il a déjà mobilisé 50 artistes de 20 nationalités, de tous styles graphiques. « Je veille les travaux de 100 à 200 artistes dans le monde. ». Sa carrière a décollé en 2014, quand la ville de Rouen lui a confié le commissariat d’exposition de la troisième édition de « Rouen Impressionnée », son festival triennal de street art dans l’espace public. Cette mission sera renouvelée pour l’édition 2020. Olivier Landes a par ailleurs proposé une œuvre pour la Nuit blanche à Paris en 2016, et conçu les festivals 14’Arts pour la mairie du XIVe arrondissement de Paris et In Situ dans la friche industrielle du Fort d’Aubervilliers sur demande de Grand Paris Aménagement (ex-AFRTP). Lors de l’embellissement des murs du marché des Batignolles (XVIIe arrondissement de Paris), des pensionnaires de la maison de retraite voisine ont tricoté des chaussettes multicolores pour décorer les potelets entourant le lieu, tandis que les artistes peignaient. « Il est essentiel que la population locale s’approprie l’œuvre. Nous l’associons à la réalisation en faisant voter les habitants sur les esquisses proposées ou en organisant des ateliers dans les écoles. »
Constituer un patrimoine à moindre coût
Pour Olivier Landes, l’art urbain améliore la qualité de vie de la population à moindre coût : « 10 000 à 20 000 euros, soit le prix d’achat de 8 bancs, et sans occuper l’espace foncier qui coûte cher ». En plus, « quand le célèbre artiste Invader pose ses mosaïques sur une façade, cela valorise l’immeuble, voire le quartier. L’art urbain permet aussi aux collectivités de constituer un nouveau patrimoine à potentiel touristique ». C’est pourquoi il a écrit le « Guide du street art en France » (2019) pour présenter des itinéraires de promenades artistiques dans dix villes. « L’art urbain est trop souvent cantonné aux quartiers sociaux périphériques des métropoles, alors qu’il peut aussi embellir des silos agricoles et des villages. En Haute-Vienne, une association de Meilhac nous a ainsi demandé de concevoir des collages pour habiller les vitrines des commerces vacants. » Pour Olivier Landes, « ces œuvres sur papier, éphémères, pourraient être utilisées sur des monuments historiques sans modifier les murs originels ». Reste à en convaincre les architectes des bâtiments de France.