Micro-mobilités : les municipalités prennent des mesures
« L’initiative locale sera fondamentale dans l’invention des nouvelles mobilités et des nouveaux services associés à la vie des territoires », avertissait en 2010 le Centre d’analyse stratégique. Il conseillait alors de « repenser le partage de la voirie et de l’espace public, au profit du vélo, de véhicules propres peu encombrants, des transports collectifs, tout ce qui constitue les nouvelles mobilités » et de « faciliter l’arrivée de nouveaux opérateurs et services de mobilité par la mise à disposition locale d’espaces publics et par l’adaptation de règlementations nationales ». Ces enjeux sont actuellement réactualisés par l’apparition d’engins de micro-mobilité en « free floating ». Grâce aux applications numériques, les scooters, vélos et trottinettes électriques s’affranchissent désormais des bornes de location. Dès la fin 2017, ces nouvelles micro-mobilités ont envahi les chaussées et trottoirs de Paris, Lille, Reims, Bordeaux, Angers ou encore Marseille. De la curiosité à l’enthousiasme, en passant par la colère, leur arrivée a été remarquée par les automobilistes comme par les piétons. Les trottinettes stationnent de façon anarchique dans l’espace public et circulent sans plus de méthode : sur les voies cyclables où la vitesse est limitée à 25 km/h, certains modèles roulent jusqu’à 40 ou 50 km/h. D’autres slaloment entre les voitures sur la chaussée ou entre les piétons sur les trottoirs, et de premiers accidents sont déjà survenus. Le nombre de trottinettes en circulation croît de façon exponentielle, malgré la rentabilité incertaine de ces services : à Paris, 9 opérateurs de flottes de trottinettes de toutes nationalités (dont le français Pony financé par Xavier Niel et B Mobility fondée par l’athlète Usain Bolt) tentent de s’imposer sur ce marché qui compterait déjà un demi-million d’utilisateurs quotidiens, selon les opérateurs.
En attendant la LOM
A l’instar de San Francisco qui les a bannies dès 2018, des municipalités s’agacent du déploiement sauvage de ces flottes en free floating et les bannissent de leur espace public : la ville de Toulouse a fait retirer les engins installés sans autorisation, suivant l’exemple de la maire de Nantes.
Leur usage sera encadré dès la rentrée par le code de la route.
La ville de Bordeaux envisage d’imposer le port du casque aux trottinettistes, tout en s’inscrivant dans la voie de la conciliation ouverte par Jean-Louis Missika : l’adjoint à la maire de Paris, chargé de l’urbanisme, a en effet annoncé la mise en place d’une charte de bonne conduite avec les opérateurs. Ceux-ci devront trouver des solutions d’autorégulation tant sur la question du stationnement que de la circulation, faute de quoi les trottinettes pourraient être interdites à Paris. « Nous sommes autour de 15 000 trottinettes. Mais si nous suivons les courbes de croissance, nous pourrions aller jusqu’à 40 000 véhicules dans quelques mois. Ce ne sera pas tolérable, ni toléré », a averti Jean-Louis Missika. Le Conseil de Paris a voté le dispositif et ajouté une redevance pour les opérateurs et des amendes pour les usagers imprudents. Des aires de stationnement dédiées seront créées dans la capitale, et les engins contrevenants seront envoyés à la déchetterie. Dans l’attente de la loi d’orientation des mobilités (LOM), la ministre des Transports a indiqué que l’usage de ces « engins de déplacement personnel » sera encadré dès la rentrée par le code de la route, avec l’interdiction de circuler sur les trottoirs, une limitation de vitesse et un âge minimum pour le conducteur.