Des espaces de rencontre, d’échange, de création et de vitalité économique
Les collectivités mobilisent la société civile pour concevoir des lieux multifonctionnels, ouverts à tous et adaptables aux nouveaux usages qui apparaissent sans cesse.
Le temps de l’espace public bâti par plans d’urbanisme décennaux est révolu. Et pour cause : ses usages évoluent au rythme frénétique des mutations technologiques et sociétales. Les collectivités sont ainsi mises au défi d’imaginer des lieux flexibles, multifonctionnels, accessibles à tous et ouverts à l’expérimentation.
Les codes masculins dominent toujours l’espace public urbain.
De tels espaces publics sortent de terre dans plusieurs villes : le projet Canebière Living Lab à Marseille, le pont-plaque capable Simone Veil (équipé en eau et en électricité) à Bordeaux, Living Lab Tubà à Lyon, ou encore la Casemate à Grenoble. Tous ces lieux de rencontre, d’échange, de solidarité, de création et de vitalité économique sont inspirés de la philosophie des tiers-lieux : ces lieux innovants reposent sur un fonctionnement participatif et leur usage varie selon les publics qu’ils accueillent, qui les créent et les recréent en permanence. Mais chacun affiche une identité propre, issue de l’histoire du territoire, de son patrimoine et de la culture locale.
Des espaces publics plus accueillants pour les femmes et les seniors
Les citoyens attendent également une rénovation des espaces publics existants, qu’ils rêvent plus praticables et plus inclusifs. « Depuis le XIXe siècle, l’espace public est conçu par des hommes pour des hommes : les grands boulevards ont été dessinés pour les promenades en couple et non pour les femmes seules. De même, Le Corbusier a bâti la Cité radieuse selon le gabarit du« Modulor », qui était celui d’un homme de 1,80 mètre. Au XXIe siècle, l’absence de bancs devant les écoles, les espaces sportifs dédiés à la musculation et au skate, ou encore le manque d’accessibilité du métro parisien pour les poussettes, les personnes âgées et handicapées témoignent que les codes masculins dominent toujours l’espace public urbain », expose Chris Blache, la cofondatrice de l’association Genre & Ville. Cette consultante conseille notamment la ville de Villiers-Le-Bel dans la mise en place d’une politique égalitaire dans l’espace public et le logement social depuis 2013. « Les élus prennent conscience de la nécessité de rendre l’espace public plus accueillant pour les femmes, mais nombre d’entre eux se trompent en apportant une réponse sécuritaire qui les victimisent. »
Avec les citoyens et en « lean management »
D’autres experts accompagnent les collectivités pour concevoir les services publics numériques de demain. « Pour créer à Rennes notre laboratoire régional d’innovation publique, couplé à un incubateur, nous avons repensé globalement notre savoir-faire et notre savoir-être dans la relation à l’usager en adoptant des méthodes de travail itératives. Pour cela, nous avons recruté une experte du marketing venue du secteur privé et une designeuse de services », explique ainsi Claire Faivre, directrice générale adjointe Numérique, achat, juridique à la région Bretagne. Pour répondre aux besoins de tous, les élus peuvent également mobiliser les habitants et les associer à l’élaboration des projets, voire à la prise de décisions. Des formateurs à la démocratie locale accompagnent déjà nombre de collectivités et leurs administrés pour apprendre à construire ensemble l’avenir de leur cité. De plus en plus de citoyens veulent y prendre part et espèrent que leurs élus leur en donneront la possibilité.