Déchets de construction : la guerre est déclarée
Responsables de 70 % des déchets au niveau national, les secteurs du bâtiment et des travaux publics sont dans la ligne de mire de l’Union européenne et du gouvernement français. Zoom sur la chasse au gaspillage dans la construction.

Les secteurs du bâtiment et des travaux publics génèrent chaque année 227,6 millions de tonnes de déchets, soit près des trois quarts des déchets produits en France. L’essentiel de ces déchets est minéral et inerte : briques, béton, tuiles et céramiques, verre, terre, pierres et cailloux provenant de sites non pollués. Viennent ensuite les déchets considérés comme non dangereux : bois, plastiques, métaux. Puis les déchets dangereux : amiante, terres excavées polluées, solvants, peintures. En parallèle, ce secteur de la construction consomme de grandes quantités de ressources naturelles.
70% de déchets valorisés en 2020
Face aux enjeux environnementaux, l’objectif européen vise à valoriser au moins 70% des déchets non dangereux du BTP d’ici à 2020 (contre 50% aujourd’hui). Comme le soulignait Thierry Braine-Bonnaire, directeur de l’Institut Matériaux et équipements pour la construction durable au salon Batimat : « C’est un retour au bon sens des anciens qui ne jetaient rien : quand la Bastille a été démolie en 1789, chaque pierre a été réutilisée ! » Pour parvenir à cette économie circulaire, le Plan national de prévention des déchets 2014-2020 prévoit quatre mesures principales : mettre en place une action de sensibilisation spécifique à destination des maîtres d’ouvrage. Créer une charte d’engagement volontaire des secteurs d’activité pour encourager à la prévention des déchets. Identifier et utiliser les leviers d’action pour développer le réemploi des matériaux du BTP. Enfin, dresser le bilan de la réglementation relative aux diagnostics de démolition et, le cas échéant, la faire évoluer.
« L’horizon d’une approche pleinement circulaire »
Plus récemment, dans sa Feuille de route sur l’économie circulaire (Frec), le gouvernement a annoncé son ambition de « renforcer le tri, le réemploi et la valorisation des déchets de la construction ». Selon le ministère de la Transition écologique, il est « essentiel de réduire spécifiquement le flux alimenté par les activités de démolition et de déconstruction, en particulier dans le secteur du bâtiment.
70% des déchets en France proviennent des secteurs du bâtiment et des travaux publics.
L’horizon d’une approche pleinement circulaire pour ce secteur est de faire du parc des bâtiments la banque de matériaux des constructions futures ». Il s’agit ainsi de rendre la collecte plus efficace pour lutter contre la mise en décharge, en permettant un tri efficace des matériaux de construction en vue de leur recyclage. Et le gouvernement d’évoquer la possibilité d’instaurer une filière de responsabilité élargie du producteur appliquée à ces déchets du bâtiment pour les rendre gratuits. Autre mesure prévue : la révision en profondeur, d’ici à l’été 2019, du dispositif réglementaire actuel du Diagnostic déchets avant démolition. Et cela, afin de passer à une logique de diagnostic/inventaire pour le réemploi et la valorisation des ressources et déchets de chantier. Enfin, dans l’objectif de créer les prérequis pour un développement viable du réemploi dans la construction, la Frec envisage de développer, avec les acteurs du secteur (maîtres d’ouvrage, contrôleurs techniques, assureurs, etc.), des guides techniques favorisant la reconnaissance des performances (techniques, sanitaire et environnementales) des matériaux réutilisés ou réemployés.