« Le robot Max-AI®, dans un centre de tri, est une première européenne »
Pouvez-vous nous présenter Max-AI® ?
Il s’agit d’un robot doté d’une intelligence artificielle (d’où son nom AI) qui va nous permettre d’accroître les quantités de déchets triés et la qualité de leur sélection. L’un fait l’objet d’études au centre de recherche et développement de Veolia. L’autre a intégré, en avril 2018, le centre de tri d’Amiens, à la suite des modernisations déjà engagées en 2013, puis en 2016, via la mise en place du tri séquentiel auto-adaptatif [Ndlr : ce procédé permet, avec un seul trieur optique, de trier automatiquement plusieurs types de déchets en fonction de leur matière et de leur couleur] et du tri télé-opéré (tri sans contact mis en œuvre grâce à une caméra et un écran tactile qui reproduit l’image des déchets à trier). Ce centre collecte la moitié des déchets ménagers produits au niveau départemental, soit 22 000 tonnes par an.
Quels types de déchets trie-t-il ?
Nous avons installé Max-AI® sur une chaîne de déchets fibreux, c’est-à-dire dédiée au papier et au carton qui arrivent souvent déchirés et en petits formats. Sa mission consiste à enlever tous les déchets dont on ne veut pas sur cette ligne, comme une canette en aluminium ou une barquette en plastique, et de les rediriger vers une autre chaîne. L’intégration d’un robot à intelligence artificielle dans un centre de tri de déchets ménagers a été une première à l’échelle européenne.
Quelle est sa valeur ajoutée ?
D’une part, Max-AI® améliore les conditions de travail de nos collaborateurs puisque, de trieurs, ils deviennent contrôleurs qualité, ce qui est plus confortable pour eux.
Max-AI® améliore la qualité et la compétitivité du tri en France.
D’autre part, ce robot peut effectuer 3 600 gestes de tri par heure (saisir un objet et le mettre dans la bonne direction) contre 2 200 pour un opérateur humain. Soit une performance multipliée par 1,5.
Comment fonctionne-t-il ?
Max-AI® est doté de deux caméras optiques qui lui permettent, grâce à une prise d’images, de détecter les déchets indésirables, puis de les reconnaître et enfin de les écarter à l’aide d’une ventouse dirigée par trois bras articulés. Comme ce robot a été conçu aux États-Unis, il a fallu enrichir sa base de données avec des centaines de milliers d’images en couleur pour qu’il s’adapte aux spécificités françaises et aux emballages utilisés dans notre pays.
Quelles sont, pour l’instant, les limites de Max-AI® ?
Les freins concernent justement ces images, avec l’existence d’une importante diversité d’objets. Par exemple, il faudra décliner l’image d’une chaussure sous la forme de bottes, d’espadrilles, ou encore de baskets. D’autre part, il faut que le robot puisse reconnaître la présence indésirable d’une bouteille en plastique même si celle-ci arrive complètement aplatie sur la chaîne de tri. Pour l’instant, le taux d’erreur est de 10%.
Quel est l’enjeu de cette robotisation dopée à l’intelligence artificielle ?
Il s’agit de répondre aux objectifs de la réglementation environnementale qui vise la réduction des déchets non recyclés. Cela implique de trier plus finement les déchets pour améliorer le recyclage. Par ailleurs, la fermeture, en janvier 2018, des frontières de la Chine aux déchets plastiques de qualité insuffisante nous oblige également à optimiser la qualité du tri en France. Et ce, tout en augmentant nos performances pour que les matières premières issues du recyclage soient compétitives et puissent trouver un débouché. C’est pourquoi deux robots Max-AI® devraient être prochainement mis en place dans un centre de tri à Nantes.