« Produire pour détruire est une logique irresponsable et inadmissible »
Comment envisagez-vous de transposer la Feuille de route sur l’économie circulaire et le paquet Économie circulaire européen ?
Par voies réglementaire et législative ! Sur les 50 mesures de la Feuille de route de l’économie circulaire (Frec), d’ores et déjà plus des trois quarts ont été mises en chantier sans nécessiter de modification de la loi. L’économie circulaire est au cœur de notre agenda de la transition écologique. C’est le Premier ministre lui-même qui a présenté la Frec. Alors que s’ouvre la restitution du Grand Débat voulu par le président de la République, force est de constater que les demandes des Français vont croissant sur la lutte contre le gaspillage, la facilité à trier, la réparabilité des produits, etc. Notre projet de loi, qui sera présenté d’ici à l’été, sera donc enrichi de leurs contributions qui poussent vers davantage d’ambition.
Comment lutter contre les déchets plastiques et atteindre 100% de plastique recyclé d’ici à 2025 ?
Il est inadmissible que nous continuions à produire en masse une matière qui nous rend certes des services, mais qui pollue nos écosystèmes et participe du réchauffement de la planète. Le Pacte plastique signé par une douzaine d’entreprises de la grande distribution et de metteurs en marché sous contrôle d’ONG (WWF, Tara Expeditions) est ainsi une première victoire : elles se sont engagées, notamment, à augmenter la part de plastique recyclé dans leur production et surtout à lutter contre le suremballage. Mais ces engagements volontaires ne sauraient suffire. Pour mobiliser de nouveaux acteurs, nous devons augmenter nos capacités de collecte et envoyer des signaux aux industriels. Nous travaillons ainsi, d’une part, sur des dispositifs innovants de collecte et de consigne. Et d’autre part sur une écocontribution variable, un bonus-malus, pour favoriser le recyclage des produits.
Quelles sont les retombées de votre appel à manifestation d’intérêt pour la collecte innovante des déchets ?
Lorsque nous avons lancé cet appel aux côtés de Citeo et de l’Ademe, nous avions deux objectifs en tête. D’abord, améliorer nos capacités de collecte d’emballage plastique.
Nous devons augmenter nos capacités de collecte.
Car aujourd’hui, notre taux de collecte est si bas que nous en importons d’Allemagne ! Ensuite, associer les territoires et mobiliser les citoyens, car il est certain que pour atteindre les objectifs fixés par le président de la République (tendre vers 100% de plastique recyclé, réduire de moitié la mise en décharge), nous avons besoin que tout le monde participe. Nous avons donc lancé ce grand appel « à l’innovation » dont la récente clôture ouvre la voie à l’analyse des dossiers.
Où en est votre projet de loi pour interdire la destruction de millions de produits neufs invendus ?
Nous y travaillons ! Car lorsqu’il s’agit de transition écologique, nous touchons à de nombreux enjeux et équilibres : à la fois le quotidien des Français, la lutte contre les émissions de CO2 et le pouvoir d’achat. Produire pour détruire est une logique irresponsable et inadmissible, surtout en France où des filières de réemploi et de recyclage existent déjà. Nos concitoyens exigent donc à raison plus de fermeté de notre part : près de 123 000 d’entre eux ont signé une pétition sur change.org pour dire « stop à la destruction d’invendus ». Comme je l’ai déjà dit, le projet de loi Économie Circulaire proposera des mesures drastiques pour sortir de ce cercle vicieux.