Le « Zero waste » pour éviter que la planète ne croule sous les déchets
Le « Zéro déchet, zéro gaspillage » (« Zero waste » en anglais) permet de lutter, en amont, contre l’accumulation des déchets, avec son terrible cortège de pollutions. Et d’éviter la consommation effrénée des ressources naturelles, indispensables à notre vie sur terre.
« Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas », telle est la maxime du Zero waste. Lancé en Californie dans les années 1980, le mouvement a la double ambition de lutter contre les déchets et contre le gaspillage. Deux mots qui, en anglais, se résument par le terme waste. Ce mouvement essaime aujourd’hui dans le monde, notamment dans l’Hexagone, depuis 2015, via l’association Zero waste France. L’urgence est là, clame l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) avec son slogan : « Réduisons vite nos déchets, ça déborde. » Chiffres à l’appui : les Français produisent 573 kg de déchets par an et par habitant, soit le double d’il y a 40 ans. Il existe des alternatives au modèle linéaire privilégié actuellement qui consiste à extraire, fabriquer, consommer, jeter. Ainsi qu’aux 236 décharges à ciel ouvert – sans compter les décharges sauvages – et aux 126 incinérateurs recensés en France. Parmi ces solutions : le recyclage, qui est au cœur de l’économie circulaire. Mais le mouvement Zero waste propose d’aller encore plus loin, car toutes les matières, tel le plastique, ne se recyclent pas indéfiniment ni à 100%. En outre, ce mode de traitement des déchets reste énergivore, émet des pollutions et épuise les ressources naturelles.
Des ressources menacées
Comme le souligne Zero waste France, le problème principal est la consommation effrénée des ressources naturelles indispensables à notre vie de terrien. La démarche « Zéro déchet, zéro gaspillage » suppose ainsi de favoriser l’écoconception, en intégrant le respect de l’environnement dès la conception d’un produit, en commençant par l’extraction des matières premières et en anticipant toutes les étapes de son cycle de vie. Il s’agit d’allonger l’usage, en abolissant l’ensemble des produits à usage unique, tels les sacs en plastique, et en développant des modes de distribution respectueux de l’environnement, comme le vrac et la consigne. Mais aussi de promouvoir la réutilisation (une porte reste une porte), le réemploi (une porte devient une table) et la réparation. De préserver la matière à travers le compostage des déchets alimentaires destiné à enrichir les sols agricoles. Sans oublier de privilégier le partage : fini, la perceuse et l’appareil à raclette qui restent 364 jours au placard ! Grâce à l’économie collaborative, on mutualise les biens du quotidien avec les voisins de son immeuble ou de son quartier. Jeter moins implique de consommer moins (et mieux). Avant tout achat, on se posera désormais la question : « En ai-je vraiment besoin ? »
L’effondrement de notre civilisation
Les enjeux environnementaux sont devenus tels que l’utilisation massive de matières premières et d’énergie, pour fabriquer objets et emballages qui finissent en déchets, n’est tout simplement plus possible. Nous serions à l’aube de vivre l’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle, basée sur les énergies fossiles, à en croire Pablo Servigne et Raphaël Stevens, auteurs de Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes (éditions du Seuil, 2015). Selon la définition de l’écologiste Yves Cochet, l’effondrement est « le processus à l’issue duquel les besoins de base – eau, alimentation, logement, énergie, mobilité, sécurité – ne sont plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi ».
Le « Jour du dépassement »
Pour preuve de cet effondrement annoncé : le « Jour du dépassement » – date à laquelle on a consommé l’ensemble des ressources que nous offre la planète pour une année donnée – avance inexorablement.
573 kg de déchets par an et par Français.
À l’échelle mondiale, en 2018, la deadline est tombée le 1er août. En France, c’est dès le mois de mai que l’on a consommé, à crédit, les ressources naturelles. Autre preuve avancée : le dérèglement climatique, conséquence des émissions de CO2, qui ne cesse de s’aggraver. À ces enjeux environnementaux s’ajoutent des enjeux économiques : le coût du traitement des déchets s’élève, chaque année, à 17 milliards d’euros. Les enjeux, enfin, sont sanitaires : le mode retenu pour traiter nos déchets pollue les sols, l’eau, l’air et les océans, mettant en danger la santé des écosystèmes. Et, in fine, de l’être humain, puisque nous somme l’un des maillons de cette chaîne de la biodiversité.