L’édito de Jean-Michel Arnaud
La production de déchets a explosé, en France et dans le monde. Chaque Français en produit 573 kilos chaque année, le double d’il y a 40 ans. Cette envolée de la production pose un défi environnemental majeur : pollution des sols, de l’eau, de l’air, et déstabilisation des écosystèmes. Elle est la conséquence de notre surconsommation et de l’usage intensif des ressources de la planète. Le jour du dépassement, date à laquelle nous avons consommé l’ensemble des ressources produites par la Terre en un an, avance inexorablement.
Pour enrayer cette course effrénée, recycler ne suffira pas. Le recyclage est important pour les matériaux qui s’y prêtent, comme le verre, mais de très nombreux déchets ne peuvent pas être traités. Il n’est de toute façon pas infini, car le matériau recyclé se dégrade à chaque étape et doit donc in fine être remplacé. Le recyclage permet de freiner le processus mais il entretient malgré lui l’idée fausse que l’on pourrait continuer à produire et à détruire toujours plus.
La solution est de revoir nos habitudes de consommation : supprimer tout ce qui est superflu, comme les produits à usage unique, les objets jetables, les emballages inutiles, et développer l’achat en vrac de produits alimentaires. Notre relation aux objets doit évoluer : lutter contre l’obsolescence programmée, promouvoir la réutilisation et la réparation. Et favoriser l’utilisation de matériaux biodégradables ou recyclables pour les déchets inévitables.
L’Union européenne a fait un geste fort en interdisant d’ici à 2021 certains produits emblématiques tels que les pailles, assiettes et gobelets en plastique. Le plastique est une matière non biodégradable et difficilement recyclable. En 65 ans, ce sont 8,3 milliards de tonnes de matières plastiques qui ont été générées. Peu peuvent être traitées et leur réemploi est impossible lorsqu’elles ont été en contact avec un produit nocif. Le plastique est en lui-même dangereux lorsqu’il se décompose, car il relâche des microparticules et des additifs toxiques pour les organismes. La réduction de notre dépendance au plastique est donc une urgence.
Faire changer les habitudes des consommateurs et des industries ne suffira pas. Les gouvernements et la loi doivent agir en interdisant les pratiques dommageables (comme le Black Friday ?) et favoriser les innovations et les initiatives qui réduisent la production de déchets. Mais si révolution il doit y avoir, elle devra prendre ses racines dans les comportements individuels. Avant chaque achat devrait se poser cette question : en ai-je vraiment besoin ?