« Il va falloir apprendre à se passer du plastique »
Les déchets plastiques sont-ils une bombe à retardement ?
Les déchets plastiques ne se dissolvent pas en éléments essentiels, contrairement au verre ou au métal. Ils ne se biodégradent pas non plus, à l’instar du papier ou du carton. Les déchets plastiques subissent des attaques qui entraînent des ruptures de la chaîne moléculaire. Conséquence : ils se déstructurent sous la forme de particules fines. On distingue, par ordre de grandeur, les macro-, les micro-, puis les nano-plastiques (lorsqu’ils ne sont plus visibles à l’oeil nu). On connaît encore mal la vitesse de ce délitement que l’on estime, en moyenne, de 100 à 200 ans. Cela dépend du plastique et de plusieurs facteurs extérieurs : chaleur, abrasion mécanique, rayonnements ultraviolet, etc. Mais on sait que ce phénomène est accéléré avec les microfibres de plastique. Prenons l’exemple d’un pull-over : à chaque lavage, des microfibres vont partir dans les eaux usées et finir leur course dans l’océan. Idem avec les revêtements de route : des plastiques se libèrent, sont lessivés par les eaux de pluie et se déversent, eux aussi, dans l’océan.
Quel est le danger pour l’être humain ?
Le plastique en lui-même n’est pas toxique, mais les additifs que l’on trouve dans cette matière, comme le bisphénol A, le brome ou les colorants, eux, le sont. En plus, lorsque les particules de plastique ont atteint la nano-taille, le risque est qu’elles migrent dans notre organisme avec leurs lots de contaminants, comme des pesticides, qu’elles auront absorbés dans leur environnement. On trouve déjà des micro- et nano-particules dans le miel, l’eau en bouteille, les produits de la mer ou encore le sel de table. Le plastique est en effet hydrophobe, autrement dit, cette matière absorbe les polluants. D’où sa caractéristique toxique.
Le plastique est une éponge qui se gorge de la matière avec laquelle il est en contact.
C’est comme si le plastique jouait le rôle d’une mule et pénétrait ainsi chargé de molécules polluantes dans nos organismes. Il perturbe le fonctionnement des organes humains, comme le foie, car on ne l’élimine pas correctement, ce qui entraîne des problèmes digestifs. L’être humain étant en bout de chaîne alimentaire, il ingère le plastique que les poissons ont eux-mêmes ingurgité. Il le respire aussi, car l’air en est chargé. La présence de plastique augmente sans cesse, puisqu’on en produit et utilise toujours plus. Le danger de la pollution plastique va donc au-delà de l’impact visuel et des animaux marins étouffés.
Quid du recyclage des matières plastiques ?
Nous ne savons pas recycler le plastique. Le gouvernement fait croire que 100% du plastique sera recyclé d’ici à 2025. C’est de la poudre aux yeux. Le principal obstacle au recyclage est que le plastique se dégrade. D’ailleurs, à l’étape du recyclage, on mélange 99% du plastique avec du plastique vierge. Autre frein : la très grande variété de matières plastiques qui sont majoritairement incompatibles entre elles en raison de leur structure chimique. Enfin, les emballages plastiques sont contaminés par le produit qu’ils ont contenu. Contrairement au verre, le plastique n’est pas une matière inerte : même lavée, une bouteille de Coca-Cola en garde le goût et l’odeur. Le plastique est une éponge qui se gorge de la matière avec laquelle il est en contact.
Quelle conclusion tirez-vous de ces observations ?
Cette production de plastique n’a aucun sens. Si le plastique était vraiment recyclable, on pourrait stopper totalement notre production et utiliser les déchets plastiques que l’on a déjà produits pour notre consommation, pendant les 20 prochaines années ! La seule solution : apprendre à se passer de plastique.