« Le mécénat est une opportunité pour les collectivités »
Pourquoi avoir recouru au mécénat ?
Nous avons créé la Mission mécénat pour deux raisons. La première est que depuis dix ans, nous avons constaté une baisse des dotations de l’Etat et, qu’aujourd’hui, le président de la République nous pousse à réduire nos dépenses. La seconde est qu’il est de plus en plus évident que les concitoyens et les entreprises ont envie d’aider leur métropole ou leur ville à se rénover. Ils souhaitent participer à ce qui se passe autour d’eux et s’approprier leur ville. Les entreprises cherchent à valoriser leur image sociétale et les ouvriers qui travaillent dans le cadre d’un mécénat sont fiers de le faire. Pour la métropole, il constitue aussi une opportunité de montrer que les collectivités peuvent se prendre en charge et qu’elles savent faire autre chose que s’occuper de l’entretien.
L’appel au financement participatif est-il rentable et le systématisez-vous ?
La réfection du Pont de pierre nécessite 11 270 000 €. Pour la première phase des travaux, qui a consisté en la consolidation des talus du Pont et la construction d’une barge, le financement participatif nous a ramené 500 000 €, dont 30 000 € donnés par des particuliers. Un second appel au financement participatif se déroulera en 2021 pour financer l’injection dans les talus de micropieux en métal destinés à solidifier le pont.
20 projets de financement participatif en deux ans.
A ce jour, notre Mission mécénat totalise 20 projets de financement participatif lancés en deux ans, pour la métropole ou pour l’une des neuf communes qui la composent. Nous ne recourons au mécénat que lorsqu’il n’y a pas d’appels d’offres. C’est une règle, car le mécénat ne se vend pas : il s’achète, soit financièrement, soit par du mécénat en nature, comme ce mécène qui, pour notre journée Mobilités, nous a prêté des véhicules électriques et des bornes de rechargement. Le don peut être aussi en compétence, comme l’entreprise qui nous a envoyé des ouvriers pour restaurer une grue Wellmann du 19e siècle dans les bassins à flots. En moyenne, 60% des dons sont financiers et 40% sont en nature ou compétence.
La démarche est-elle duplicable à d’autres communes ?
Bien sûr. C’est pourquoi nous sommes désireux d’informer les élus de cette démarche qui permet d’obtenir de l’argent ou sa valeur équivalente. Notre Mission mécénat est d’ailleurs à disposition des élus pour les conseiller s’ils le souhaitent. Pour lancer une opération de financement participatif, il faut créer un comité de pilotage chargé de choisir les projets. Ceux-ci doivent être significatifs pour le citoyen ou l’entreprise. Il faut aussi suivre impérativement la Charte d’éthique et prévoir un compte bancaire spécifique, car tous les dons passent par le Trésor public qui ventile ensuite. Mais il n’y a pas de procédure unique, cela dépend de l’objet du mécénat. Tout peut s’acheter. C’est pourquoi il importe d’informer régulièrement le public pour créer une vraie culture du mécénat. Enfin, il faut prévoir des contreparties attractives aux donateurs particuliers ou entrepreneurs. Pour le Pont de pierre, nous avons prévu la pose d’une plaque sur l’édifice avec les noms des entreprises donatrices et une visite de l’intérieur du pont, qui est creux, pour les particuliers.