Des solutions pour que les petites lignes coûtent moins cher
Confortée par la reprise d’une partie de sa dette par l’Etat, SNCF Réseau prépare 50 solutions de réduction de coûts pour sauver les petites lignes et les emplois.
Dans la perspective de l’allègement de sa dette que provoquera son retour, en tant que Société anonyme à capitaux publics, au sein de l’Etat en 2020, SNCF Réseau s’est faite le chantre de la lutte contre le chômage. Face aux difficultés économiques et sociales liées à la fermeture des petites lignes UIC 7 à 9, Patrick Jeantet teste des solutions innovantes de sauvegarde de l’emploi : « On a rassemblé nos savoir-faire dans un catalogue, expliquait le président en octobre 2018. L’idée est de faire moins cher pour sauver les lignes. » La réduction globale des coûts atteindrait 30%, soit 510 M€ par an, et l’emploi local serait sauvé alors que la SNCF annonçait la suppression de 2 000 postes dans le groupe en 2019.
Suites rapides et signalisation par Internet
Le maître d’ouvrages des chantiers ferroviaires aurait ainsi répertorié une cinquantaine de solutions, mais il faudra la validation de la ministre des Transports pour qu’elles soient connues. On sait néanmoins qu’elles touchent à tous les métiers du gestionnaire et que beaucoup sont issues de ses propres recherches. C’est le cas, par exemple, du remplacement du ballast par du grave-bitume, mélange de bitume et de granulats dont la résistance aux vibrations est moindre, mais acceptable si l’on ralentit les trains. La conjugaison de ce produit avec sa mise en place par une « suite rapide », une usine roulante de renouvellement de voies capable de rénover les ballasts, rails et traverses de 1 000 mètres de voies par jour, réduirait les coûts et les temps de chantiers d’entretien des voies. D’autres économies s’ouvrent avec l’installation de systèmes de signalisation numérique, testés par sa filiale Fret SNCF sous le nom de Train Fret digital, qui suivent par GPS et capteurs le trajet du train tout en assurant sa sécurité. L’usage de systèmes d’électrification plus légers préluderait à l’emploi de locotracteurs à motorisation hybride (électricité et diesel).
Trains navettes et lignes de fret
Pour les lignes comptant moins de 10 trains quotidiens, SNCF Réseau propose de faire circuler une seule navette par voie, chargée de faire les allers-retours. Entre 10 à 20 trains par jour, le gestionnaire suggère de mettre à voie unique des tronçons de double voie trop peu fréquentés pour économiser 40% sur les devis de réfection des voies. Autre idée, celle de confier la maintenance et l’exploitation à « des gestionnaires d’infrastructures conventionnés » privés sur une dizaine de lignes en culs-de-sac. Avec sa filiale VFLI, le groupe SNCF dispose d’une entreprise ferroviaire privée capable d’assurer la maintenance du réseau. L’offre ne sortirait donc pas du groupe. L’idée de Patrick Jeantet, lui-même issu du fret, serait de transformer des lignes de voyageurs déficitaires en lignes de fret ferroviaire capillaire rentables et circulant à vitesse réduite, comme la liaison entre la Sucrerie Saint-Louis d’Etrépagny et Pont de l’Arche (Eure). Certes, la collectivité perd son transport ferré de voyageurs, mais l’activité et les emplois ferroviaires demeurent. Enfin, Patrick Jeantet propose aux collectivités qui veulent à tout prix conserver leur ligne ferroviaire de participer financièrement à son entretien. Il est cependant très incertain que cette convention convienne aux collectivités et moins encore aux régions.