Les technologies boostent la gestion des communes
Concepteurs de techniques optimisant la gestion des infrastructures, les partenaires privés ou institutionnels de l’Etat s’adaptent aux collectivités qui veulent évoluer.
La décentralisation de la gestion des infrastructures routières a déporté le marché naturel des entreprises et des organismes de développement technologique depuis la sphère de l’Etat vers la galaxie des collectivités. Les technologues ont d’ores et déjà entrepris de former les élus, de les convaincre de leur utilité et d’adapter leurs offres à leurs moyens financiers : « Beaucoup de routes nationales ont été transférées aux départements, aux métropoles ou aux intercommunalités, confirme Jean-Yves Gouttebel, le nouveau président du Conseil stratégique du CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). Il faut que notre aide aille aux collectivités, car elles ont des besoins en ingénierie et nous pouvons mettre à leur disposition nos 2 000 ingénieurs, mobiliser des cabinets d’experts et leur apporter des techniques de travail. » De son côté, l’IDRRIM a édité et mis en accès libre sur Internet un « Vademecum pour la gestion des chantiers innovants », ouvrage de vulgarisation sur les bonnes pratiques de gestion et sur les procédés nouveaux d’entretien de la voirie. On y trouve ainsi la recommandation pour les communes de mutualiser leurs achats de travaux publics : « Un groupement de commandes de plusieurs communes peut réduire de 20 à 30% les coûts pour chacune d’elles tout en préservant leur capacité de décision sur les travaux qu’elles veulent réaliser », explique Yves Krattinger, président de l’IDRRIM.
Recyclage sur place
Côté technologie, l’emploi de drones pour diagnostiquer à moindre coût l’état des ouvrages d’art complexes -ponts, tunnels, viaducs- se multiplie. En attendant, comme pour le viaduc de Millau, l’introduction dans les futurs ouvrages de capteurs chargés de renseigner sur leur usure et leur résistance. Déjà, les professionnels des travaux publics ont innové en réduisant l’épaisseur de la route par des couches plus homogènes, plus résistantes au poids tout en offrant une plus longue adhérence. Les matériaux désormais utilisés étant issus du recyclage, le coût des travaux a baissé. Et si la chaussée à rénover dépasse deux kilomètres et se situe en milieu rural ou péri-urbain, les professionnels proposent du recyclage sur place : un engin « avale » la chaussée et la recrache à l’état neuf. Sans compter le gain de temps sur l’intervention, le gain financier atteint 15%.
Routes solaires et com÷municantes
Avec la technologie Wattway conçue par Colas, la route pourra fournir « une recette complémentaire en devenant solaire », affirme Pierre Calvin, président de Routes de France. « Grâce à l’énergie captée par des panneaux photovoltaïques intégrés à la chaussée, on peut générer un courant électrique servant à éclairer les lampadaires ou à recharger les batteries de voitures électriques.
La route pourra fournir une recette complémentaire aux communes.
Si l’on incorpore des tuyaux emplis de fluide caloporteur, la chaleur solaire emmagasinée pourra chauffer la route en hiver ou une piscine municipale. » Enfin, l’implantation de capteurs et d’émetteurs Wifi dans la chaussée connecterait l’infrastructure avec ceux de la voiture pour sécuriser le parcours et donner à la route communicante une fonction de services : « Nous avons déjà signé une convention avec la plateforme de l’Automobile pour créer l’interface de communication qui reliera tous ces capteurs, confie Pierre Calvin. Reste à implanter les capteurs. »