Allemagne : L’Allemagne alloue 270 Md€ pour rénover ses réseaux
Après seize années dédiées à l’équilibre budgétaire, l’Allemagne s’est découvert des réseaux routiers, ferrés et Internet nécessitant 270 Md€ d’investissement en rénovations.
La France n’a pas le monopole du retard en matière d’entretien de ses infrastructures. Depuis l’automne 2016, date où le pont routier de Rheinbrücken (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) a été interdit à la circulation des poids lourds en raison de son état, l’Allemagne est sous pression budgétaire pour rénover ses infrastructures. Selon l’enquête menée dans la foulée par le Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung (DIW), 20% des autoroutes, 41% des routes nationales et 46% des ponts sont à refaire. La Fédération des chambres de commerce et d’industrie allemande avance le chiffre de 600 Md€ de retard en investissements depuis 2003 sur l’ensemble des besoins d’investissement dans les infrastructures de tous ordres, y compris les réseaux Internet. La banque publique KfW, qui finance les projets d’infrastructures communales, parle, elle, de 126 Md€ pour les seules routes et autoroutes dépendant des communes.
270 Md€ d’investissements sur 14 ans
Comment expliquer ce retard ? Pour Marcel Fratzscher, président du DIW, et pour la Fondation Bertelsmann, depuis la fin des années 90, la priorité politique de l’Allemagne s’est focalisée sur l’équilibre budgétaire. S’ajoute l’endettement des communes allemandes et du fédéralisme qui « implique que la moitié des investissements publics viennent des communes, explique Marcel Fratzscher. Mais un tiers d’entre elles n’ont plus un centime à dépenser, alors [elles] rognent d’abord sur les investissements, car on ne peut pas couper dans le social ». C’est pourquoi le gouvernement a lancé, au niveau de la fédération et des Länder, un programme d’urgence de 270 Md€ d’investissements pour les années 2016 à 2030. Ce programme a été validé par le gouvernement d’Angela Merkel sous la forme d’au moins 14 Md€ de dépenses annuelles pour les infrastructures. Détail qui a son importance, et contrairement aux ambitions françaises, le gouvernement allemand a exclu la privatisation des infrastructures routières et des sociétés de gestion d’infrastructures. Il veut sans doute garder la mainmise sur les infrastructures du pays.
Deutsche Bahn collabore avec SNCF sur le digital
De son côté, la Deutsche Bahn a soutenu le mouvement en maintenant un programme d’investissement de 28 Md€ sur la période 2015-2019, soit le plus grand programme de modernisation du rail de son histoire.
L’Allemagne a focalisé sa priorité sur l’équilibre budgétaire.
Pour le réseau Internet, la Deutsche Bahn a aussi signé dès 2016 un premier accord de collaboration avec le Groupe SNCF sur les projets de digitalisation et le partage d’expérience. En octobre 2018, Richard Lutz, président de la Deutsche Bahn, et Guillaume Pépy, président de SNCF, ont signé un nouveau protocole d’accord autour de huit projets. Ceux-ci visent des recherches en commun pour développer l’automatisation future de l’exploitation, pratiquer la maintenance préventive et recourir à l’usage de Building Information Modeling (BIM) pour toutes les constructions et les ouvrages d’art, afin de déterminer leurs besoins de réfection à partir des analyses effectuées sur leurs jumeaux numériques. Le projet s’appuiera aussi sur la réalité virtuelle et augmentée pour améliorer la qualité et les performances. Le projet Connectivité, lui, développera l’attractivité du transport ferroviaire grâce au digital et à la collecte des données sur les flux de voyageurs et leurs habitudes.