QUESTIONS À… Pierre Calvin, président de Routes de France
A combien estimez-vous le montant nécessaire à la rénovation des routes ?
Seuls 40% du réseau national routier non concédé sont en bon état. Entre le marquage au sol, son adhérence, le renouvellement de la signalisation et le traitement des obstacles latéraux, il faudrait 300 M€ de plus par an pour le rénover. Le réseau départemental, qui est structurant et d’une grande diversité, a vieilli depuis sa prise en charge par les départements, en 2000. Il faudrait 1 Md€ de plus par an pour l’entretenir. Quant au réseau communal qui souffre des intempéries, 2,7 Md€ supplémentaires par an seraient nécessaires. Ces 4 Md€ correspondent au chiffre d’affaires qu’a perdu le secteur des travaux publics depuis 2015. C’est aussi le coût des tonnages enrobés que nous n’avons pas mis sur les routes. Nos entreprises se sont adaptées à la baisse d’activités, nous savons que viendra le moment où l’Etat ne pourra plus reporter ces travaux. Mais plus il reportera, plus les travaux seront importants. De l’ordre de cinq fois plus tous les sept ans.
Sur quelle norme vous basez-vous pour affirmer cela ?
Il n’existe pas de norme, mais Routes de France insiste pour que soient établis des critères de sécurité. Le monde routier a besoin d’une continuité du réseau, avec une route sûre et bien signalée sur sa totalité. Sans cette continuité, la circulation n’est pas fluide. C’est pourquoi nous menons une démarche pour qu’une recette annuelle soit affectée à l’entretien du réseau, qu’elle vienne d’une vignette poids lourds ou d’une part de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques). Sans cette recette affectée, il y aura toujours des hauts et des bas dans la gestion de l’entretien, puis de plus en plus de bas.