« Les collectivités doivent recourir à l’entretien privé »
L’URF s’inquiète pour l’entretien et la rénovation des voies routières. Pourquoi ?
Nous avons constaté que le financement global a diminué jusqu’à revenir au niveau de la décennie 1990. Pourtant, il est essentiel d’entretenir le patrimoine routier pour que sa remise en état ne coûte pas très cher. Un audit réalisé par un bureau d’étude suisse a démontré que si les travaux routiers se cantonnent à revenir à un niveau équivalent à ce qu’il était, il faudra rapidement faire face à une rénovation coûteuse.
Faire évoluer la route en préservant son interopérabilité.
Nous préconisons toujours de privilégier la rénovation au simple entretien. Nous sommes cependant conscients que les ressources budgétaires se sont raréfiées. Il faut donc affecter des ressources pérennes aux infrastructures routières.
N’est-ce pas déjà le cas avec la redevance autoroutière et la collecte des radars ?
La redevance autoroutière et la collecte des radars reviennent effectivement à la route ou au moins à l’AFITF (Agence de financement des infrastructures de transport de France). Mais ce n’est pas le cas de la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers), qui est pourtant une taxe sur le pétrole consommé et qui est répartie sur d’autres secteurs, comme les autres ressources que fournit la route française. Même la TVA et la vignette appliquée aux camions, dont le gouvernement souhaite reverser une partie sur les budgets routiers, resteront soumises à un arbitrage budgétaire. C’est le fait que l’argent soit affecté aux besoins exclusifs de la route qui nous importe.
Quelles solutions préconisez-vous ?
Pour les collectivités, le meilleur mécanisme financier et opérationnel consisterait à recourir à l’entretien privé en signant des contrats décennaux de performance avec des entrepreneurs. Les collectivités, les fournisseurs et même l’Etat seraient alors engagés pour 10 ans et la réalisation des travaux ne serait plus affectée par les problèmes des autres secteurs. Je propose aussi de conserver une vision globale sur l’entretien du réseau en créant un Observatoire de la route et des ouvrages d’art qui serait financé par les départements. Ainsi tous les départements pourraient comparer leur niveau d’entretien, exprimer leurs besoins et budgéter leurs travaux.
Faut-il anticiper l’arrivée sur le réseau des véhicules électriques ou autonomes et des nouvelles technologies ?
Il est certain que l’avenir foisonnera de technologies et de solutions multiples, comme les véhicules autonomes, électriques ou hybrides ou encore les routes 5e génération qui produiront de l’énergie, et les routes dédiées au fret. Nous vivons dans un monde concurrentiel, ce qui suscite le foisonnement. En plus, la route étant une infrastructure interopérable, nous devons la faire évoluer en évitant toute barrière. Avec l’Etat, par exemple, nous travaillons déjà à supprimer les barrières de péage. Préserver l’interopérabilité signifie aussi que nous devrons accepter que circulent différents systèmes de véhicules. Le seul problème est que cette profusion augmentera les besoins et créera un surcoût sur l’entretien et la rénovation des routes. Mais ensuite, la rareté des ressources fera la différence d’usage entre les véhicules et le succès des solutions énergétiques qui s’imposeront au fil du temps.