Entretien et rénovation des infrastructures : une urgence
Avec l’accroissement des échanges et du tourisme, les collectivités françaises voient dans la qualité des infrastructures un facteur de développement économique.
Pays de transit entre le sud et le nord de l’Europe, la France s’est dotée de réseaux routiers et ferroviaires denses. Le pays comptabilise 1 103 165 km de routes et près de 30 000 km de voies ferrées exploitées.
Augmenter de 1% le flux d’investissements publics sur 5 ans accroît l’activité de 1,5% au terme de la période.
Ce réseau répond aux besoins d’un pays qui exporte et importe beaucoup. En 2017, cela s’est traduit par un chiffre d’affaires de 702,4 milliards d’euros réalisé en exportations de biens et services et de 740,8 milliards d’euros en importations, soit des augmentations de 4,7% et de 6,1% par rapport aux chiffres de 2013. La France a donc besoin d’infrastructures performantes, souligne le Medef : « Une hausse des investissements en infrastructures peut avoir à court terme des effets induits importants pour tous les acteurs économiques. Augmenter de 1% le flux d’investissements publics sur 5 ans accroît l’activité potentielle, à moyen terme, de 0,4% la première année et de 1,5% au terme de la période ».
39,93 millions de véhicules
La France a aussi vu sa population passer de 55,5 millions à 67,2 millions d’habitants entre 1982 et 2017. Son parc routier est aussi passé de 34,2 millions de véhicules particuliers (VP) et industriels (VU-VI) en 1999 à 39,93 millions en 2018. Les Français circulent de plus en plus, même si le parc de VP est descendu à 32 millions de véhicules en 2018, après un pic à 32,865 millions en 2013. Quant au parc VU-VI, il est passé de 6,036 millions en 2009 à 7,93 millions en 2018. De fait, le mode routier assure aujourd’hui 87% des déplacements de personnes en voiture ou autocar, 86% des transports de marchandises et 41% des transports collectifs terrestres (chiffres URF). Il représente aussi 2,2 millions d’emplois et 13,1% du PIB. Le tourisme apporte aussi sa part de flux migratoires sur les voies routières et ferroviaires françaises. En 2013, le poids du tourisme sur le PIB a représenté 7,4%, en hausse de 16,22% par rapport à 2007, avec 22% de touristes ayant visité le littoral, 20,8% la montagne, 23,8% le rural et 30,7% l’urbain, les 3,4% restants étant non catalogués. Depuis, le tourisme a baissé et ne représentait plus que 7,1% du PIB en 2016. Facteur de développement pour l’économie locale, les collectivités comptent sur la qualité de leurs infrastructures pour le relancer.
600 milliards de km
Le dynamisme économique se traduit par 600 milliards de km parcourus annuellement sur le réseau routier français, dont 6% effectués par des véhicules étrangers. Sur ces trajets, 66% passent sur la voirie des collectivités locales. Ceci explique que, jusqu’en 2015, l’ensemble des communes consacrait 15 milliards d’euros par an à la gestion de leurs infrastructures. Mais depuis 2016, les communes ne disposent plus que de 12 à 13 milliards d’euros par an. Ce manque d’argent les a poussées à minorer les budgets d’entretien. Ce faisant, elles n’ont fait que reporter le problème : « Lorsqu’on retarde les travaux d’entretien, le coût de remise en état augmente avec le temps. La différence entre le coût de l’entretien régulier et celui de l’intervention curative constitue une sorte de dette, dite grise, car elle n’apparaît pas dans la comptabilité », rappelle David Zambon, responsable communication de l’IDRRIM.
Un train sur dix en retard
Ceci est valable aussi pour le ferroviaire, rappelle David Hergott, conseiller technique Transport du président de la région Nouvelle-Aquitaine : « En Aquitaine, un train sur dix connaît des retards ou des irrégularités à cause de l’infrastructure. Pour la région, ce problème non réglé génère un surcoût de 1,2 milliard d’euros en rénovation à l’horizon 2030. » S’ajoute à cela le fait que, « depuis qu’Edouard Philippe n’autorise plus SNCF Réseau à investir sur les petites lignes ferroviaires, l’entité ferroviaire demande aux collectivités qui veulent maintenir leurs lignes d’investir dans les travaux de rénovation », pointe Yves Crozet, maire de Saint-Germain-la-Montagne et président du Think Tank de l’URF. Face à ces menaces sur leurs budgets, les collectivités se sentent abandonnées par l’Etat alors que leur voirie « conditionne les politiques publiques de mobilité, de développement économique et d’aménagement du territoire », rappelle le Conseil général de l’environnement et du développement durable.
10 ans et 27,9 Md€ pour la rénovation du réseau ferré principal
Institué par la réforme ferroviaire de 2014, ce contrat Etat – SNCF Réseau fixe pour les dix années à venir la trajectoire financière du gestionnaire d’infrastructures, et notamment les moyens dont il disposera pour moderniser le réseau principal (hors petites lignes) : soit 27,9 Md€ entre 2016 et 2026. La dotation atteindra 2,814 Md€ en 2019, puis 3 Md€ à partir de 2020. Ce montant ayant été sanctuarisé, le gestionnaire conduira en 2019, 1600 chantiers majeurs, remplacera 550 km de caténaires et 500 aiguillages.