Hauts-de-France : Unaide invente la maison de retraite à domicile
A Calais, la start-up Unaide expérimente l’intelligence artificielle pour le maintien à domicile.
«Notre offre de maison de retraite à domicile a permis à une personne en forte perte d’autonomie (GIR 2) de quitter l’EHPAD pour retourner vivre chez elle », se réjouit Mathieu Michiels, le fondateur et président d’Unaide. Âgé de 36 ans, ce Calaisien a fondé sa start-up en 2015 après avoir été aidant administratif pour plusieurs proches en perte d’autonomie. « Les dispositifs existants n’étaient pas optimaux : les uns étaient trop coûteux, certains ne permettaient pas de concilier sécurité et ouverture sur le monde, les autres mobilisaient trop d’intervenants différents. »
Une offre complète à 1 200 euros par mois
Il a alors imaginé une solution alliant l’expertise humaine à l’intelligence artificielle, à 1 200 euros par mois avant aides et réductions d’impôt. Ce prix inclut une aide pour la vie quotidienne, des soins et une surveillance constante. Celle-ci est assurée par Clara, Marc et Caro, les trois assistants numériques conçus par Unaide avec l’École des Mines de Douai et le réseau d’écoles d’ingénieurs Yncrea de Lille. Ces boîtiers à coller sur un mur sont dotés de capteurs et d’algorithmes auto-apprenants capables d’identifier toute situation anormale dans la maison. Dans quelques mois, ces scruteurs de mouvements seront dotés de la parole. « Quand Clara détectera une chute ou un cri, elle demandera à la personne si tout va bien. Si celle-ci répond par l’affirmative, elle s’excusera du dérangement. Sinon, elle lancera une alerte à notre plateforme d’intervention tout en rassurant la personne. »
L’humain au cœur du dispositif
Quand une anomalie est signalée, les opérateurs du centre d’écoute – qui se relaient 24 heures sur 24 – contactent les pompiers ou l’intervenant à domicile qui suit l’usager, basé dans un rayon de 5 kilomètres. Dûment agréé, Unaide fédère 22 aides à domicile employables par les usagers pour effectuer les tâches ménagères, ainsi qu’un réseau de professionnels
de santé. « Notre chef de service, qui est une infirmière diplômée, établit un plan de soins pour chaque usager et coordonne les prestataires de santé (infirmier, kinésithérapeute, etc.) », souligne Mathieu Michiels. Une application mobile remplace le traditionnel cahier de liaison obligatoire. « Les professionnels de santé, les aides à domicile et la famille ont ainsi accès aux informations de suivi en permanence, en temps réel et à distance. Pour le confort de la personne en fragilité, Unaide limite le nombre d’intervenants à 1 ou 2 par usager, « contre 5 à 8 en moyenne dans la plupart des formules d’accompagnement existantes. »
Protéger les données personnelles
L’ensemble des données collectées par Unaide sont stockées au domicile de la personne, pour éviter tout risque de piratage et de marchandage. « Nos algorithmes écoutent en continu ce qui se passe dans la maison en filtrant les bruits pour se concentrer sur la voix humaine, mais sans enregistrer les conversations », souligne Mathieu Michiels. Soutenu par la ville de Calais, le département, la région et Bpifrance, il accompagne déjà 30 usagers résidant dans le Calaisis, et souhaite élargir son offre à partir du deuxième semestre 2019.
Des capteurs de mouvements bientôt dotés de parole.
« Nous cherchons à lever des fonds pour étendre nos services aux personnes résidant dans la métropole lilloise, à Boulogne, Saint-Omer et Dunkerque. En attendant de pouvoir proposer son offre dans toutes les zones urbaines – et surtout rurales – du pays.