Nicolas Hurtiger : Le rassembleur des services au grand âge
Agé de 35 ans aujourd’hui, Nicolas Hurtiger préside le groupe Zéphyr, spécialisé dans les services aux seniors en perte d’autonomie, qui compte 3 500 salariés à travers 147 implantations, 13 000 clients et génère 50 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé par an. Son sens de l’analyse lui a permis de trouver l’idée d’entreprise qu’il cherchait, quand il était étudiant à l’ESSEC. Plongé dans les chiffres, il a identifié les failles du marché de l’aide à domicile : « Ce secteur en croissance n’était pas structuré, ni professionnalisé. La qualité des services rendus était très hétérogène. D’autre part, les travailleurs sociaux souffraient d’isolement dans leur exercice. » Il a donc fondé une entreprise pour recréer un lien social entre les professionnels et garantir des prestations de qualité aux usagers. « J’ai fait mes études de marché pendant ma dernière année d’école de commerce », se souvient-il.
Du projet d’étudiant au groupe de 3 500 salariés
Nicolas Hurtiger avait 24 ans quand il a fondé Senior Compagnie à Paris en 2007. Il a remporté plusieurs prix et récompenses. Mais cela ne lui suffisait pas. Il voulait aller plus loin. En 2016, il a racheté Libelia, un transporteur de personnes à mobilité réduite, capable de conduire des patients souffrant de troubles neurodégénératifs à l’hôpital de jour. Un an plus tard, il acquiert Synergie Med, un spécialiste de la pose de perfusions à domicile et créé dans la foulée le groupe Zéphyr, puis rachète l’entreprise d’entretien à domicile Free Dom en 2018. « Je voulais intervenir aussi en préventif : quelques heures de ménage par une aide à domicile permettent à une personne âgée d’éviter l’épuisement et les risques de chutes liés. » Il envisage de reprendre bientôt « une start-up du numérique au service de l’humain ».
Chaque département a ses contraintes
Mais pour le moment, Nicolas Hurtiger s’inquiète du papy-boom à venir. « La demande va croître et nous manquons déjà de main d’œuvre. » Il appelle les pouvoirs publics à développer la formation et les plans de reconversion dans les services à la personne. « Nous sommes présents dans près de 70 départements, chacun ayant ses contraintes propres. Par exemple, nous peinons à recruter à Cholet où le taux de chômage est faible, et où nous sommes en concurrence… avec les Chantiers de l’Atlantique ! Dans les métropoles, les candidats sont nombreux, mais rarement qualifiés. »
Le groupe Zéphyr est présent dans près de 70 départements.
Le pouvoir d’achat des clients varie également selon les territoires, comme ses coûts. « En zone rurale, notre coût logistique est supérieur à celui en ville. Via leurs contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM), des conseils départementaux – comme l’Isère et la Vendée – revalorisent nos prestations en fonction des difficultés d’accès, des créneaux horaires et du niveau de pathologie prise en charge. Mais beaucoup fixent un tarif unique, à environ 20 euros de l’heure. » Rassembleur dans l’âme, il rêve au décloisonnement des acteurs du secteur – hospitalisation à domicile (HAD), services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et prestataires de santé à domicile (PSAD) – et à la création d’un guichet unique au niveau national pour gérer l’APA, « à l’image des care managers au Canada ». Pour lui, cette simplification profiterait à tous : usagers, entreprises et pouvoirs publics « qui feraient ainsi des économies ».