Questions à… Serge Guérin*, sociologue, spécialiste du vieillissement et de la « séniorisation » de la société
La solidarité intergénérationnelle peut-elle résister au papy-boom ?
Toutes les générations s’inquiètent de l’accompagnement du grand âge, même les plus jeunes. La prétendue opposition intergénérationnelle ne s’observe pas dans l’histoire anthropologique, ni dans la réalité sur le terrain. Au contraire, les liens entre les générations tendent à se renforcer : dans une période de crise et de fragilité généralisée comme celle que nous traversons, on se tourne davantage vers la solidarité familiale. 4% de la richesse des Français sont ainsi transmis par les grands-parents à leurs enfants et petits-enfants.
Les seniors contribuent-ils à l’amélioration des aînés ?
Les élites stigmatisent les aînés, les accusant de coûter cher et d’être improductifs au sens marchand du terme. Or, les seniors agissent pour soutenir notre économie : ils représentent 4 millions de nos 8,5 millions d’aidants familiaux, et ils assurent 23 millions d’heures d’aide informelle à leurs proches chaque année. Sans leur capacité à se mobiliser, notre situation sociale serait différente. Occulter ces faits conduit à négliger les actions de prévention du vieillissement, pourtant essentielles.
Comment construire une société de la longévité ?
Il faut bâtir une vision politique des âges : en valorisant le savoir et les réalisations des seniors, en écoutant et soutenant les initiatives individuelles dans les territoires, et en rassurant les gens sur le financement de la perte d’autonomie. Ainsi sécurisés, les seniors seront davantage sereins et disponibles pour contribuer bénévolement à la société.
* coauteur de La guerre des générations aura-t-elle lieu ?, Calmann-Lévy, 2017.