Transformer en profondeur la prise en charge liée au grand âge
Quel est l’enjeu de la réforme « Grand âge et autonomie » à venir ?
Le Premier ministre a demandé à Dominique Libault, conseiller d’Etat, de conduire une réflexion sur le grand âge et l’autonomie. Cette mission formulera à mon ministère des propositions concrètes permettant au gouvernement de définir les contours d’une réforme ambitieuse. Le problème de l’adéquation de nos réponses aux fragilités du grand âge est réel. Plusieurs rapports parlementaires ont ouvert la voie et le déni n’est plus de mise.
La concertation « Grand âge et autonomie » doit permettre, en associant les professionnels, les aidants et les personnes âgées elles-mêmes, de sécuriser une nouvelle offre mieux adaptée aux exigences du bien-être de tous. Elle doit déboucher sur des propositions de réforme visant à transformer en profondeur la manière dont est reconnu et pris en charge le risque de perte d’autonomie liée au grand âge.
La concertation doit permettre de sécuriser l’offre de demain.
Il s’agit de créer et de sécuriser des dispositifs permettant d’assurer dans la durée, étant donné les perspectives démographiques, sur tout le territoire, des soins et un accompagnement de qualité et équitable, tout en assurant la liberté de choix des personnes âgées. Il s’agit de mieux prévenir la perte d’autonomie et de faire avancer la recherche scientifique et les politiques concrètes sur le sujet de la prévention. Il s’agit enfin de simplifier les démarches, pour les personnes âgées comme pour leurs familles, afin de bâtir une société plus inclusive. Début 2019, les conclusions de la concertation seront remises au gouvernement. Nous aurons alors toutes les cartes en main pour proposer une réforme à la hauteur des enjeux. Notre réussite ne pourra être que collective.
Comment adapter ces solutions de prise en charge aux besoins du grand âge ?
Identifier les besoins et les aspirations des personnes âgées est en soi un défi. Nous lançons une concertation et il est prématuré de poser des solutions sur la table. Néanmoins, de nombreux dispositifs de « Ma santé 2022 » concernent d’ores et déjà les personnes âgées, en réorganisant les soins de ville pour mieux assurer l’accès aux soins. Si les personnes les plus âgées ont de nombreux besoins, le plus profond est certainement celui de pouvoir continuer à vivre sa vie, à se sentir chez soi dans son lieu de vie, entouré de ses proches aidants et de professionnels en mesure de procurer un bien-être au quotidien. L’enjeu n’est pas le même pour les personnes de 70 ans en grande forme, qui seront probablement de plus en plus nombreuses, et les personnes ayant atteint ce que j’appelle le grand âge, et qui sont confrontées à une perte d’autonomie.
Faut-il changer notre représentation des seniors ?
Nous assistons aujourd’hui à un paradoxe : des liens très forts existent au niveau individuel, je pense notamment à la présence forte des grands-parents auprès de leurs enfants et petits-enfants, alors que sur le plan collectif nous peinons à faire des personnes âgées des acteurs de notre vie sociale. Pierre Laroque, dès 1962, alertait sur la nécessité de se prémunir contre la tentation de la ségrégation de la personne âgée, du repli dans un monde offrant peu de contacts avec l’extérieur. Nous devons agir résolument contre cette tendance. La vieillesse n’est pas un fardeau ni un naufrage, c’est la manifestation de la vie. Et jusqu’au bout, nous devons faire en sorte que les personnes âgées participent pleinement à la société, exercent leurs droits et choisissent leur lieu de vie. Cela suppose de mettre fin non seulement au regard dévalorisant sur les personnes âgées dans leur ensemble, mais aussi aux prises en charge qui excluent de la société, qui mettent à part, qui isolent.