Prise en charge du grand âge : les territoires ne sont pas égaux
Le taux d’équipement en hébergement et en offre de soins varie d’un département à l’autre. Ceux-ci sont confrontés à un coût de prise en charge du grand âge plus ou moins élevé selon leur démographie, leurs recettes fiscales et le prix du foncier.
Un Lozérois de plus de 75 ans a deux fois plus de chance d’accéder à un établissement pour personnes âgées qu’un senior du même âge résidant dans les Pyrénées-Orientales. En effet, en mars 2018, la DREES* constatait que le taux d’équipement pour 1 000 personnes de 75 ans et plus (en nombre de places en maisons de retraite, logements-foyers, hébergement temporaire et lits de soins de longue durée) s’établissait à la fin 2016 à 81,5 dans les Pyrénées-Orientales et à 200,2 en Lozère. Des départements comme l’Outre-Mer, la Corse, le Doubs, le Gard, où encore Paris présentent un taux d’équipement faible, contrairement à d’autres tels que l’Ardèche, le Maine-et-Loire, l’Orne… Quant aux départements disposant d’un nombre de places d’hébergement dans la moyenne nationale (121,8 places pour 1 000 personnes), certains sont sous-équipés en structures médicalisées (EHPAD et lits de soins longue durée).
Une chambre en maison de retraite coûte 42% de moins dans l’Oise qu’à Paris.
Des tarifs qui varient du simple au double
Du fait du taux d’équipement, mais aussi du prix du foncier, un hébergement en EHPAD à Paris coûte le double d’un hébergement similaire dans la Meuse (4 038 euros contre 2 090 euros par mois, selon une enquête de 60 Millions de consommateurs réalisée à partir des chiffres de la CNSA, et publiée en juin 2018). Ainsi, les tarifs s’envolent dans les départements à forte densité urbaine et dans les départements littoraux. « Pour un même département, il existe une corrélation entre le prix mensuel d’une place en EHPAD et le niveau de vie médian des ménages de 75 ans et plus », note la CNSA dans une étude d’avril 2018, tout en constatant des inégalités de revenus accrues au sein de cette classe d’âge dans les départements où les tarifs des EHPAD sont les plus élevés comme « les Alpes-Maritimes, la Gironde, le Rhône et les départements d’Île-de-France ». Si le premier critère de choix d’un établissement reste sa proximité géographique avec le lieu de vie de la famille (selon 60% des personnes interrogées par le Credoc en octobre 2018), de nombreux seniors quittent leur département de résidence pour s’installer dans un établissement à 60 ou 70 kilomètres, et réduire ainsi leur facture : une chambre en maison de retraite coûte ainsi 25% de moins dans l’Aisne qu’en Seine-Saint-Denis, 28% de moins dans l’Eure-et-Loir que dans les Yvelines, et 42% de moins dans l’Oise qu’à Paris, selon l’Observatoire Capretraite en 2014.
Lutter contre les déserts médicaux
Des inégalités d’accès aux soins s’observent aussi pour les personnes âgées vivant à domicile. Des déserts médicaux se remarquent partout sur le territoire, même si les grandes villes et les zones du littoral sont plutôt préservées. La pénurie de médecins pouvant se faire sentir d’un quartier à l’autre d’une ville, notamment à Paris. « Des territoires ruraux ont pris le problème à bras le corps en créant des maisons de santé pluridisciplinaires, et en allouant des aides aux jeunes médecins qui viennent y faire leur stage d’internat. Il faut désisoler les médecins et leur permettre d’avoir du temps pour se former ou pour garder des vacations hospitalières », propose Françoise Jeanson, conseillère régionale de Nouvelle Aquitaine, déléguée à la santé et la Silver Economie. Elle prône également le recours aux outils de télémédecine pour favoriser les liens entre les professionnels de santé et la formation continue.
*Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques